La DGSI doit renoncer à interroger trois journalistes soupçonnés d'atteinte au secret de la défense, exige une association
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) doit "immédiatement" renoncer à interroger mercredi trois journalistes français soupçonnés d'avoir porté atteinte au secret de la défense nationale, a exigé lundi une association internationale de défense de la liberté de la presse.
"La DGSI française doit immédiatement retirer ses convocations des journalistes d'investigation Benoît Collombat, Jacques Monin et Geoffrey Livolsi", a protesté dans un communiqué Attila Mong, représentant pour l'Europe du Comité de protection des journalistes (CPJ), qui a son siège à New York.
Les "journalistes doivent pouvoir protéger leurs sources confidentielles, travailler et rapporter des informations librement en matière de défense et de sécurité nationales. Leur interrogatoire va les mettre sous une pression inutile et pourrait avoir un effet malheureux sur les enquêtes et couvertures journalistiques de la défense" nationale, s'alarme encore le CPJ.
Benoît Collombat, Jacques Monin et Geoffrey Livolsi, auteurs et responsables d'une enquête de Radio France en 2018 sur des soupçons de trafic d'influence dans l'armée française, sont convoqués le 14 décembre à la DGSI pour des soupçons d'atteinte au secret de la défense nationale, a appris l'AFP le 7 décembre à Paris, de sources proches du dossier.
MM. Collombat et Livolsi, auteurs de l'enquête "Transport aérien: soupçons de trafic d'influence dans l'armée", sont convoqués en audition libre en compagnie de Jacques Monin, directeur des enquêtes et de l'investigation de Radio France, selon ces sources.
Selon l'une de ces sources, les trois journalistes sont "soupçonnés d'avoir commis ou tenté de commettre l'infraction de révélation ou divulgation d'information permettant l'identification d'un membre d'une unité des forces spéciales" de l'armée française.
"L'identité des militaires appartenant à certaines unités est protégée par la loi (...). La révélation de leur identité constitue une infraction pénale et met en péril les opérations au profit de la sécurité de nos concitoyens", avait argué mercredi à Paris le ministère des Armées.
Le journaliste Geoffrey Livolsi avait indiqué à l'AFP mercredi -- et l'a répété lundi dans le communiqué du CPJ -- que "ces convocations (étaient) une nouvelle tentative d'intimidation contre les journalistes enquêtant sur l'armée".
M. Livolsi a précisé au CPJ qu'il se rendrait à cette convocation en compagnie de son avocat et M. Monin a dit aussi à l'association de défense des journalistes qu'il s'y rendrait avec son confrère M. Collombat.
A.Rispoli--PV