Un Britannique condamné pour des vidéos liées à des tueries aux Etats-Unis
Un suprémaciste blanc britannique de 19 ans a été condamné vendredi à 11 ans et demi de prison pour avoir réalisé et diffusé des vidéos appelant à l'insurrection armée qui, selon l'accusation, ont inspiré deux tueries aux Etats-Unis.
En prononçant sa peine, le juge du tribunal de Manchester, dans le nord de l'Angleterre, a décrit Daniel Harris comme un "propagandiste défendant une idéologie extrémiste de droite", menace considérée comme croissante au Royaume-Uni.
Il avait été arrêté en mai dernier, deux jours après la tuerie raciste de Buffalo, au nord de New York (Etats-Unis), lors de laquelle 10 personnes noires avaient été assassinées.
Ses vidéos ont aussi été liées, toujours aux Etats-Unis, à la fusillade qui a fait cinq morts dans une boîte gay de Colorado Springs en novembre dernier, alors même que le jeune Britannique était jugé.
Originaire du nord de l'Angleterre, ce dernier avait été reconnu coupable en décembre de cinq chefs d'inculpation d'incitation au terrorisme et de possession de matériel terroriste en raison d'une imprimante 3D qu'il voulait utiliser pour fabriquer des armes.
Le juge Patrick Field a souligné n'avoir eu "aucune hésitation" à conclure que Daniel Harris était "hautement dangereux", évoquant les tueries inspirées par ses vidéos.
"Ce qu'ont fait (leurs auteurs) était révoltant mais ce n'était rien de plus que ce que vous vouliez encourager à faire en publiant en ligne un tel contenu", a-t-il estimé.
"Vous étiez en lien étroit avec d'autres extrémistes de droite et il y a peu de doute que vous échangiez des idées", a-t-il déclaré.
Dans ses vidéos, Daniel Harris glorifiait notamment le meurtre de 51 fidèles musulmans dans une mosquée de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, par un suprémaciste blanc en 2019.
Le jeune Britannique, originaire d'une région rurale du Derbyshire, près de Manchester, y appelait par exemple à "l'extermination de tous les sous-hommes une fois pour tous".
Déscolarisé depuis ses sept ans, il avait été condamné pour avoir vandalisé un mémorial à Manchester en hommage à George Floyd, Afro-Américain dont le meurtre en 2020 par un policier blanc avait été à l'origine du mouvement "Black Lives Matter".
Il avait été contacté par les services de déradicalisation après une vidéo en hommage au meurtrier néo-nazi de la députée travailliste pro-européenne Jo Cox assassinée en 2016 à une semaine du référendum du Brexit. Il avait alors échappé à la surveillance des autorités en évoquant un égarement passager.
- "Pas unique" -
Selon la police, ses vidéos étaient référencées sept fois par Payton Gendron, qui a plaidé coupable fin 2022 de meurtres racistes et acte de terrorisme après l'assassinat de dix personnes noires à Buffalo.
Payton Gendron qui avait 18 ans au moment des faits, devrait probablement être condamné à la prison à vie devant la justice de l'Etat de New York. Mais il est aussi inculpé devant un tribunal fédéral, où il risque théoriquement la peine de mort.
L'une des vidéos de Daniel Harris était également reprise sur le site d'Anderson Lee Aldrich, 22 ans, suspect de la fusillade au Club Q de Colorado Springs, où il a été maîtrisé par deux clients après avoir tiré sur la foule à l'aide d'un fusil d'assaut.
Selon les médias britanniques, Daniel Harris risque une extradition vers les Etats-Unis.
Dans un communiqué, l'inspecteur Chris Brett de la police du Derbyshire a souligné que l'enquête avait été "extrêmement difficile mais malheureusement pas unique".
"Ce n'est un secret pour personne qu'à travers le pays, nous voyons de plus en plus de jeunes apparaître sur le radar de la police antiterroriste, en particulier ceux qui affichent des opinions d'extrême droite", a-t-il relevé.
En décembre, un rapport parlementaire s'alarmait de l'augmentation "constante" de la menace terroriste d'extrême droite au Royaume-Uni, avec un nombre croissant de jeunes de moins de 24 ans dans le viseur des renseignements intérieurs (MI5).
"La nouvelle menace du terrorisme d'extrême droite est fragmentée et complexe, de plus en plus alimentée par internet et caractérisée par une population au fait des technologies, composée principalement de jeunes hommes, dont beaucoup sont encore adolescents, qui sont typiquement des +terroristes auto-initiés+", indiquait le rapport.
M.Jacobucci--PV