Aisne: sept enfants et leur mère emportés dans l'incendie de leur maison
"Toute la nuit, on a vu l'horreur": un incendie, a priori d'origine accidentelle, a détruit une famille, tuant sept enfants de deux à 14 ans et leur mère, dans la nuit de dimanche à lundi dans une maison du village champenois de Charly-sur-Marne (Aisne). Seul le père a survécu.
Ce drame est le plus meurtrier impliquant des enfants depuis un incendie en 2013 à Saint-Quentin (Aisne), qui avait fait cinq victimes de deux à neuf ans.
Les enfants décédés lundi, cinq filles et deux garçons, et leur mère sont morts asphyxiés. "Les corps n'étaient pas calcinés", a déclaré à l'AFP le procureur de Soissons, Julien Morino-Ros.
"C'est a priori un sèche-linge qui a pris feu au rez-de-chaussée", a-t-il précisé.
Quatre des enfants étaient issus d'une première union de la mère, a précisé la gendarmerie.
Le père de cette famille recomposée, âgé de 40 ans, est gravement brûlé. Il a été extrait de l'habitation, située dans la commune viticole de 2.600 habitants, puis hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger, selon le procureur.
A la mi-journée, des habitants étaient rassemblés, les larmes aux yeux, devant la maison, façade noircie et volets calcinées, dans une rue étroite du centre de la bourgade, a constaté un journaliste de l'AFP.
- "Complètement retournée" -
"J’ai vu surtout de la fumée, beaucoup de fumée", a témoigné pour l'AFP une voisine, Evelyne Renaud. "Pauvres gamins !"
Revenant de l'école toute proche, deux mères sont en larmes. L'une affirme que son fils était dans la classe de CM2 d'une des petites victimes et que le directeur "avait les larmes aux yeux".
"Je suis complètement retournée", témoigne Nadine (elle ne veut pas donner son nom), une grand-mère qui côtoyait la mère décédée à la sortie de l'école. "J'aimais beaucoup cette famille."
Selon le récit du procureur à l'AFP, le père a tenté d'intervenir au rez-de-chaussée, où se trouvait le sèche-linge, demandant à sa famille de se mettre à l'abri au deuxième étage, un comble aménagé.
Un piège qui s'est finalement refermé sur les victimes: tandis que la fumée noire envahissait l'escalier, les pompiers peinaient à intervenir du fait de la configuration des lieux.
Les volets électriques de l’habitation étaient aussi bloqués, le courant étant coupé, a relevé le procureur.
Appelés à 0H49, selon la préfecture, les pompiers ont déployé d'importants moyens, avec 80 soldats du feu et deux grandes échelles, parvenant à éteindre l'incendie en début de matinée. Deux tracteurs ont été mobilisés pour évacuer les déblais.
- "Accueillir la parole" -
"On était sur place dans la même rue, toute la nuit on a vu l’horreur", a témoigné Sylvie Corré, l'épouse du propriétaire de la maison, jointe au téléphone par l'AFP.
Les Corré employaient le père --"un excellent employé"-- dans leur petite exploitation viticole de champagne. La mère, la quarantaine, s'occupait des enfants. La famille, originaire du Nord, s'était installée il y a quatre ans, a détaillé Mme Corré.
"La maison était tout à fait aux normes. Forcément, il va y avoir une expertise. On se prépare à tout", a ajouté Mme Corré.
"A ce stade, il n'y a pas d'éléments reliant l'incendie à un problème d'insalubrité" du domicile, "un bâti un peu ancien", selon le procureur.
"Des cellules d'écoute ont été mises en place pour accueillir la parole des enfants et des professeurs" dans les écoles maternelle, élémentaire et le collège où étaient scolarisées les victimes, a indiqué sur place Catherine Albaric-Delpech, directrice académique. "C'est peu de choses par rapport au drame."
L’incendie a endommagé une habitation voisine, nécessitant le relogement de deux personnes.
Le drame a lieu le jour-même où débute le procès aux assises de l'incendiaire présumée d'un immeuble de la rue Erlanger, à Paris, qui avait fait dix morts et 47 blessés en 2019.
Le dernier drame similaire remonte à la nuit du 15 au 16 décembre, avec la mort de dix personnes dont quatre enfants dans un incendie à Vaulx-en-Velin, près de Lyon.
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F.Amato--PV