Séisme en Turquie et en Syrie: plus de 35.000 morts, les autorités face au défi de l'aide aux sans-abris
Dans les gravats et les décombres, des centaines de milliers de sans-abris affrontaient mardi la faim et le froid en Turquie et en Syrie, les autorités tentant d'atténuer la catastrophe humanitaire plus de 200 heures après le puissant séisme dont le bilan dépasse désormais les 35.000 morts.
Alors que les chances de retrouver des survivants deviennent quasiment nulles, la priorité est désormais l'aide aux centaines de milliers voire aux millions de personnes dont les logements ont été détruits par le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 qui a frappé le 6 février.
L'Organisation mondiale santé (OMS) a déploré mardi "le plus grand désastre naturel en un siècle" pour l'Europe.
A Antakya, l'Antioche de l'Antiquité, des toilettes ont été installées, au grand soulagement des rescapés qui en ont été privés pendant plusieurs jours, et le réseau téléphonique a été rétabli dans une partie de la ville.
Une forte présence policière et militaire était visible afin de prévenir les pillages, après plusieurs incidents durant le weekend, alors que beaucoup d'habitants se trouvaient dans un état de nécessité absolue.
Au dénuement matériel extrême s'ajoute la détresse psychologique, qui frappe de plein fouet les plus jeunes. Plus de 7 millions d'enfants --4,6 en Turquie et 2,5 en Syrie-- vivent dans les régions frappées, selon l'Unicef, qui craint que plusieurs milliers d'entre eux fassent partie des tués.
La ministre turque de la Famille Derya Yanik a déclaré lundi soir que 1.362 enfants non accompagnés ont été recensés dans les provinces touchées, dont 369 ont été remis à leurs familles.
- "Traumatisée" -
"Mes enfants ont été gravement affectés par le séisme", explique à l'AFP Serkan Tatoglu, dont la femme et les quatre enfants âgés de 6 à 15 ans ont trouvé refuge dans un village de tentes dressées à côté du stade de la ville de Kahramanmaras.
"J'ai perdu une dizaine de membres de ma famille. Mes enfants ne sont toujours pas au courant mais la plus jeune est traumatisée par les répliques. Elle n'arrête pas de demander +Papa, va-t-on mourir?+", confie-t-il. "Avec ma femme, nous les serrons dans nos bras et leur disons +tout ira bien+".
Lueur d'espoir, de nouveaux survivants ont été extraits des décombres bien au-delà de la période cruciale des 72 heures après la catastrophe.
Un jeune homme de 18 ans a ainsi été extrait vivant après une semaine sous les décombres dans la province d'Adiyaman, ainsi que dans la province voisine de Kahramanmaras où des jumeaux ont été sortis par les sauveteurs qui ont pratiqué un tunnel de 5 mètres pour les atteindre.
Autre épisode réconfortant: à Kahramanmaras, un journaliste de l'AFP a vu lundi des secouristes retrouver un chien en vie sous les décombres.
Mais le bilan du tremblement de terre s'alourdit inexorablement et pourrait même doubler prévenait l'ONU dimanche: il s'élevait mardi en milieu de journée à 35.662 morts --31.974 morts dans le sud de la Turquie, selon l'Afad, organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3.688 morts en Syrie.
"72.663 personnes pourraient avoir perdu la vie et 193.399 personnes pourraient être blessées", selon un rapport de l'association patronale Turkonfed publié lundi par les médias turcs. Le coût économique du séisme pourrait atteindre "84,1 milliards de dollars", a indiqué la même source.
- Postes frontières ouverts -
La Syrie a pour sa part annoncé l'ouverture, pour une période initiale de trois mois, de deux nouveaux points de passage avec la Turquie pour accélérer l'arrivée de l'aide humanitaire.
Avant le séisme, la quasi totalité de l'aide, cruciale pour plus de 4 millions de personnes vivant dans les zones rebelles du nord-ouest du pays, était acheminée à partir de la Turquie par un seul poste frontière, celui de Bab al-Hawa.
Les appels à ouvrir de nouveaux points de passage entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, dont certaines zones sont contrôlées par la rébellion, s'étaient multipliés ces derniers jours.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué cette décision du président syrien Bachar al-Assad qui "va permettre à plus d'aide d'entrer, plus vite".
Des camions avec à leur bord de quoi confectionner des abris grâce à des bâches en plastique, ainsi que des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi lundi la frontière.
Selon le ministère syrien des Transports, 62 avions chargés d'aide ont jusqu'à présent atterri en Syrie, dont un d'Arabie saoudite, une première depuis dix ans, d'autres étant attendus dans les heures et les jours à venir, en provenance en particulier du royaume.
A.Saggese--PV