La Bretagne enregistre un "Triste record" avec de nombreux cours d'eau à sec l'été dernier
"Triste record" pour une région réputée aussi pluvieuse que la Bretagne: durant la sécheresse de l'été 2022, l'écoulement était invisible ou nul pour 40% des points de mesure des cours d'eau bretons, révèle un rapport publié mercredi.
"La sécheresse de l'été 2022 a pour la première fois touché les quatre départements bretons de manière durable" et brutale, a rappelé Aurélie Mestres, présidente de l'Observatoire de l'environnement en Bretagne (OEB) en présentant à la presse les "Chiffres clés de l'eau en Bretagne".
"Avec mes collègues élus, jusqu'à présent on parlait un peu de réchauffement climatique. Là on l'a pris en pleine poire", lance Jérémie Allain, vice-président de l'OEB et conseiller à la biodiversité de Lamballe Terre & Mer (Côtes-d'Armor).
La Bretagne souffre comme l'ensemble de la France d'un déficit pluviométrique marqué, une situation d'autant plus préoccupante que la région est extrêmement dépendante aux eaux de surface.
Selon le rapport de l'OEB, 76% de l'eau potable en Bretagne est produite à partir des eaux de surface, alors que dans le reste de la France, elle provient aux deux-tiers des eaux souterraines (nappes phréatiques, etc.)
Le phénomène est encore plus marqué dans le département de l'Ille-et-Vilaine (le plus peuplé de la région avec plus d'un million d'habitants), où les dernières restrictions liées à la sécheresse n'ont été levées que fin janvier.
"L'Ille-et-Vilaine est un secteur névralgique, particulièrement sensible avec seulement 2% des eaux de surface qui sont considérées en bon état" sur un plan écologique, déplore Delphine Alexandre, vice-présidente de la Région chargée de la santé, de l'eau et de la biodiversité.
Globalement, la qualité de l'eau s'est certes améliorée depuis les années 1990 pour la pollution aux nitrates et au phosphore, "traduction des efforts mis en oeuvre par les acteurs locaux" et notamment le monde agricole, relève Aurélie Mestres.
Mais les teneurs ont tendance à stagner désormais, ce qui explique les nombreux épisodes d'algues vertes et de cyanobactéries toxiques, nourries par ces rejets, ajoute-t-elle.
Le tableau est nettement moins bon pour les pesticides dans les cours d'eau, où les herbicides et les métabolites (substances produites par la dégradation de molécules dites "mères", parfois plus toxiques et persistantes que ces dernières) sont présents dans plus de 99% des 239 stations analysées en 2020.
Par exemple, "le glyphosate, première substance active vendue en Bretagne (...) ainsi que son métabolite l'AMPA, sont quantifiés dans respectivement 35% et 64% des stations dans lesquelles ils sont recherchés", note le rapport.
P.Colombo--PV