A son procès, le chanteur marocain Saad Lamjarred jure qu'il n'a "jamais" violé
Saad Lamjarred avait prévenu la veille: sa version est complètement différente de celle de Laura P. Pas de viol, pas de relation sexuelle, "jamais", jure le chanteur marocain devant la cour d'assises de Paris, sous le regard atterré de celle qui l'accuse de l'avoir violée et frappée dans une chambre d'hôtel.
Il est 18H00 quand la pop star ultra connue dans le monde arabe s'avance à la barre, dans une petite salle d'audience remplie de curieux et de fans. Comme l'avait fait Laura P. la veille, il revient dans le détail sur ce mardi soir d'octobre 2016.
Au début, leurs versions correspondent: la rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale, la soirée qui se poursuit avec un premier "after", avant de continuer à son hôtel.
A l'aise à la barre, presque souriant, Saad Lamjarred, 37 ans, décrit le trajet en taxi. "On se tient la main, je la complimente sur sa beauté".
"On se fait des câlins, pas des câlins amicaux", insiste-t-il. "On se plaisait, ce n'était pas juste physique, j'aimais sa personnalité même si nous n'avions parlé que pendant deux heures".
Dans la chambre, ils dansent, ils discutent. Puis elle lui dit "désolée, je ne pouvais pas t'embrasser devant tout le monde", et Saad Lamjarred prend ça comme un "signe". Il se penche, l'embrasse, "un long baiser".
C'est ici que leurs récits se séparent radicalement.
"Et là tout à coup, il a poussé ma tête qui a cogné par terre", avait raconté Laura P. à la barre mardi, tremblante et en larmes. La jeune femme, 20 ans à l'époque, avait ensuite décrit son incompréhension, ses cheveux qu'il avait tirés, à califourchon sur elle malgré ses refus répétés.
Selon elle, il l'avait déshabillée de force, puis avait léché son corps avant de lui infliger un premier coup de poing, puis deux pénétrations digitales, vaginale et anale, et une brève pénétration pénienne. Elle avait ensuite réussi à le repousser en le mordant dans le bas du dos.
Saad Lamjarred, visé par plusieurs autres accusations de viol très similaires à New York, Casablanca, Saint-Tropez, sur lesquelles il refuse de s'exprimer, raconte lui qu'ils étaient en train de se déshabiller quand il avait senti une "griffure très douloureuse dans le dos".
- "Un vrai homme" -
"J'ai fait quelque chose que je regrette, je l'ai poussé au visage brutalement. C'était un réflexe involontaire, je n'en suis pas fier", "je ne suis pas comme ça", dit le chanteur, pull marine sur chemise blanche, rappelant qu'il avait bu et consommé de la cocaïne, une circonstance aggravante.
"Je n'aurais pas dû faire ça, un vrai homme ne fait pas ça", continue-t-il.
Puis le chanteur se fait encore plus solennel: "Mme la présidente, je le dis aujourd'hui et je le dirai jusqu'à mon dernier souffle, moi, Saad Lamjarred, je n'ai jamais pénétré Laura P., de quelque manière que ce soit".
Sans se retourner, il s'adresse à elle. "Je suis désolé pour ce réflexe de violence, je ne voulais pas te faire pleurer", dit-il. Laura P. garde sa main devant les yeux, tête baissée.
Et puis la voix de Saad Lamjarred se brise. "Par contre, mon futur, ma famille, ma vie, ma réputation... nous sommes tous les deux dans de mauvaises situations. J'essaie de sourire, de faire des vidéos, mais je n'ai pas envie de sourire", gémit dans un sanglot le chanteur aux centaines de millions de vues sur YouTube, appuyé à la barre.
"Mais ta gueule", entend-t-on murmurer sur le banc des proches de la partie civile.
S'il s'agit d'un "quiproquo, d'un malentendu", "est-ce que vous lui avez demandé pourquoi elle a réagi comme ça ?", demande plusieurs fois la présidente Frédérique Aline sans vraiment obtenir de réponse.
"Je ne dis pas qu'elle a menti, je dis que peut-être elle s'est trompée", répond Saad Lamjarred.
"Elle s'est trompée sur quoi ?", interroge la présidente. "Soit elle invente... mais c'est compliqué de confondre des actes de cette nature avec une gifle". "Vous avez une explication ?".
"Je n'en ai aucune idée", lâche le chanteur.
Verdict vendredi.
O.Mucciarone--PV