Naufrage en Italie: des petits cercueils blancs pour les enfants
Les cercueils des 64 victimes du naufrage d'un bateau de migrants survenu dimanche près des côtes italiennes ont été exposés mardi dans un gymnase. Parmi eux, cinq enfants reposant dans de petits cercueils blancs.
Le bilan de ce naufrage survenu au large de Crotone, dans le sud de l'Italie, pourrait encore s'aggraver, a prévenu auprès de l'AFP une porte-parole des pompiers, toujours mobilisés dans les recherches de victimes en mer et le long des côtes de Calabre.
Car selon l'agence européenne de garde-frontières Frontex, qui avait été la première à repérer le bateau samedi soir, quelque 200 personnes se trouvaient entassées à bord de l'embarcation partie d'Izmir en Turquie, tandis que les garde-côtes italiens ont donné le chiffre de 150 passagers.
Seuls 79 survivants, originaires d'Afghanistan, du Pakistan, de Somalie et de Syrie, ont réchappé au naufrage survenu dimanche à l'aube alors que la mer était démontée.
Les cercueils des victimes, ornés de fleurs, ont été installés au PalaMilone, le complexe sportif de Crotone, une ville de près de 60.000 habitants.
Ils sont alignés sur trois rangs sur le parquet de la salle de sport. Une poignée de journalistes, dont un de l'AFP, ont été autorisés à l'intérieur pour faire des photos et des vidéos, mais la chapelle ardente n'est pas encore ouverte au public.
Les cercueils avaient été auparavant laissés ouverts pour permettre à des proches et amis de les identifier. Une femme venue reconnaître un mort a crié sa détresse, selon un journaliste de l'AFP.
Le neveu d'un rescapé afghan ayant perdu sa femme et trois enfants âgés de 5, 8 et 12 ans est venu d'Allemagne pour s'occuper de son oncle et de l'unique enfant survivant, âgé de 14 ans. Il a indiqué à des journalistes vouloir rapatrier les corps en Allemagne ou en Afghanistan.
- 8.000 euros par personne -
Au total, 14 mineurs figurent au nombre des victimes décomptées à ce stade, selon les derniers chiffres donnés mardi par le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi lors d'une intervention au Sénat.
Il s'agit d'un des naufrages les plus meurtriers en Méditerranée centrale, que des dizaines de milliers de personnes tentent chaque année de traverser au péril de leur vie pour atteindre les côtes européennes.
Dans le cadre de l'enquête, trois présumés passeurs, deux Pakistanais et un Turc, ont été interpellés, a confirmé mardi à l'AFP un porte-parole des forces de police. Selon l'agence italienne AGI, ils sont soupçonnés d'avoir fait payer entre 5.000 et 8.000 euros à chaque migrant qu'ils ont fait embarquer.
L'embarcation en bois s'appelait "Amour d'été" et était partie le 23 février d'Izmir, en Turquie, selon le récit des rescapés à la Croix-Rouge. Plusieurs ONG, dont Médecins sans Frontières, ont dépêché des équipes sur place pour prendre en charge les survivants, parmi lesquels des enfants ayant vu leurs proches se noyer.
L'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a indiqué qu'un de ses avions de patrouille avait repéré un bateau "en forte surcharge de passagers" se dirigeant vers l'Italie, et avait alerté les autorités italiennes.
"Il n'y avait pas de signe de détresse", a souligné l'agence dans un communiqué, ajoutant que l'avion, à court de carburant, avait dû quitter la zone. Elle a aussi indiqué que l'Italie avait déployé deux patrouilleurs, contraints de rentrer au port en raison de la mer houleuse.
Les garde-côtes italiens ont de leur côté assuré que Frontex avait de fait repéré le bateau mais avec "une seule personne visible" à bord.
Selon le ministère italien de l'Intérieur, près de 14.000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année, contre environ 5.200 durant la même période l'an dernier et 4.200 en 2021.
G.Riotto--PV