Egypte: un critique du pouvoir élu à la tête du syndicat des journalistes
Khaled Elbalshy, connu pour s'être opposé au pouvoir égyptien qui retient une vingtaine de reporters en prison, a été élu chef du syndicat des journalistes, a annoncé cette instance tôt samedi, une "bouffée d'espoir" pour les derniers médias indépendants.
Khaled Elbalshy, rédacteur en chef du site d'information Darb dont l'accès est interdit en Egypte, a été élu avec 2.450 voix sur 5.062 exprimées, a annoncé le syndicat.
"C'est une bouffée d'espoir", a aussitôt commenté sur Twitter Lina Attalah, rédactrice en chef de Mada Masr, un journal en ligne qui compte aussi parmi les centaines de sites d'information bloqués par les autorités.
Dans un pays où "il n'y a pas de réelle représentation issue des élections, parlementaires ou présidentielle par exemple, au niveau syndical, il n'y a personne qui peut nous représenter mieux que Khaled Elbalshy", a-t-elle encore écrit, alors que trois de ses journalistes doivent prochainement être jugées pour "offense" à des députés.
M. Elbalshy avait notamment été à la pointe d'une rare mobilisation en mai 2016. La police avait alors mené un raid sans précédent contre le syndicat de la presse, y arrêtant deux reporters recherchés pour avoir "incité à manifester" contre les autorités.
Des centaines de journalistes avaient manifesté pour exiger le renvoi du ministre de l'Intérieur et dénoncer un régime en "guerre contre le journalisme".
Le président du syndicat et deux de ses collaborateurs, dont M. Elbalshy alors chef de la commission des libertés du syndicat, avaient été placés en garde à vue pour avoir abrité les deux reporters recherchés.
"C'est un jour historique pour les journalistes égyptiens, Khaled Elbalshy a obtenu plus de voix que le candidat promu par l'Etat malgré tous ses soutiens", a de son côté tweeté la journaliste Rasha Azzab.
La parti Dostour, l'une des dernières voix de l'opposition libérale, a salué une élection qui incarne "l'espoir du changement après des années à étouffer sous un monopole".
Pour Reporters sans frontières (RSF), "le pluralisme (des médias) est quasiment nul en Egypte, l'une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes" avec actuellement, selon l'ONG, 23 reporters derrière les barreaux, après condamnation ou en détention préventive.
L'Egypte occupe la 168e place sur 180 dans le classement de la liberté de presse de RSF en 2022, après avoir reculé de près de dix places depuis la prise du pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2013.
A.Graziadei--PV