Pallade Veneta - Dans le Mississippi, le choc d'une tornade meurtrière mais la reconnaissance d'être en vie

Dans le Mississippi, le choc d'une tornade meurtrière mais la reconnaissance d'être en vie


Dans le Mississippi, le choc d'une tornade meurtrière mais la reconnaissance d'être en vie
Dans le Mississippi, le choc d'une tornade meurtrière mais la reconnaissance d'être en vie / Photo: CHANDAN KHANNA - AFP

La maison en brique a été pulvérisée. D'elle il ne reste que le sol jonché d'effets personnels, un sac à dos rose, une bouteille de shampoing miraculeusement debout. Après la violente tornade qui a ravagé Rolling Fork, dans le Mississippi, les habitants prenaient la mesure du bouleversement de leur vie.

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En ce dimanche chaud et ensoleillé, sous un ciel encore bleu avant de possibles nouveaux orages, ils ont commencé à arriver dans la matinée au milieu des habitations éventrées et des arbres déformés. Pour évaluer les dégâts et récupérer des affaires, et aussi parce que ces débris représentent tout ce qui reste de leur vie d'avant vendredi soir, quand la tornade a frappé, tuant au moins 25 personnes dans le Mississippi, dont 13 ici.

"Mais Dieu soit loué, Dieu soit loué", ajoute-t-elle avec ferveur. "Nous sommes ici, nous sommes en vie".

- Enfer -

Ce soir-là, raconte-t-elle à l'AFP, elle vient de finir de dîner avec sa famille et s'apprête à mettre sa chemise de nuit quand un vent inquiétant se fait entendre. Le bruit enfle, la menace se fait plus précise. Sa petite-fille prenant un bain, Shirley Stamps commence à tambouriner à sa porte pour que la famille se réfugie dans la salle de bains, jugée solide.

"On s'y est tous engouffrés et on s'est mis au sol", raconte-t-elle. Dimanche, à l'exception d'une partie de la façade, la salle de bains était la seule pièce de la maison à être encore debout.

De l'autre côté de la rue, Shakeria Brown, la mine sombre, inspecte sa voiture, écrasée par un arbre. Sa maison, elle, s'est quasiment effondrée.

"J'étais assise sur le canapé avec ma fille de huit mois quand les fenêtres ont commencé à trembler", dit la jeune femme de 26 ans. Puis "elles ont explosé", "le toit a cédé au-dessus de moi et il a commencé à pleuvoir".

Elle se couvre alors la tête d'une couverture pour essayer de s'abriter avec son bébé tant bien que mal, jusqu'à ce qu'un voisin vienne la sortir de cet enfer.

Que va-t-elle faire maintenant? Pour l'instant, elle loge chez des amis. Mais elle va devoir trouver une solution, parce que "ça va prendre des plombes" de déblayer, nettoyer.

D'ailleurs, lâche-t-elle, "le propriétaire ne va pas reconstruire".

- "Rien" -

Ce dernier, qui possède plusieurs maisons dans ce quartier majoritairement noir et aux revenus modestes, confirme.

"Qu'y peut-on?", dit l'homme afro-américain qui préfère rester anonyme, en observant la dévastation d'un air stoïque. Les assurances ne donneront pas assez pour reconstruire dans cette région, "l'une des plus pauvres des Etats-Unis", affirme-t-il.

A moins que l'Etat fédéral n'intervienne, "ce sera nettoyé puis ça restera vide", conclut-il.

Kimberly Berry, 46 ans, travaille dans une usine de transformation de poisson-chat et habite entre Rolling Fork et Silver City, autre localité ravagée par la tornade.

Sa maison a été aplatie par la tempête, qui a emporté les murs et le toit, ne laissant que le sol en bois, une commode, une baignoire couchée sur le flanc, divers effets personnels éparpillés.

La tornade a été sélective. Sur de longs kilomètres, de vastes zones sont intactes. Juste à côté, c'est la dévastation.

L'assurance ne couvrira rien, affirme-t-elle à l'AFP, parce qu'elle a construit sur un terrain inondable. Aussi compte-t-elle acheter un mobile-home.

Avec ses sœurs, assises sous un parasol pendant que quelqu'un distribue bouteilles d'eau et sandwiches, elles veulent toutes adresser un message au gouvernement fédéral.

"Envoyez-nous de l'aide. Nous avons besoin d'aide", dit Dorthy Berry, 65 ans.

Mais "ne sois pas désolée, chérie" lance à une journaliste cette enseignante qui a à peine eu le temps de se réfugier dans une église avant la catastrophe.

"Je suis pleine de reconnaissance. On est encore en vie, c'est tout ce qui compte", insiste-t-elle.

R.Zarlengo--PV