Au moins 29 morts dans l'incendie d'un hôpital à Pékin, le directeur arrêté
Un directeur d'hôpital en Chine a été arrêté après un incendie qui a fait 29 morts dans son établissement à Pékin, une des pires catastrophes survenues dans la capitale depuis plus d'une vingtaine d'années, ont annoncé mercredi les autorités.
Cet incendie, mardi, a forcé des patients à s'échapper par les fenêtres en se suspendant à des draps et à se réfugier en se perchant sur les climatiseurs sur la façade, selon des images publiées sur les réseaux sociaux et vite censurées.
Le bilan a été communiqué par Li Zongrong, maire adjoint du district de Fengtai où se trouve l'hôpital, et qui a présenté lors d'une conférence de presse ses "sincères condoléances".
"Nous éprouvons de profonds remords et nous nous sentons coupables", a-t-il déclaré aux journalistes, présentant également ses "excuses à la population de toute la ville".
Parmi les victimes figurent 16 femmes et 13 hommes, a-t-il précisé.
La police municipale a pour sa part annoncé l'arrestation de 12 personnes, dont le directeur de l'hôpital et des employés de l'entreprise chargée de travaux de rénovation dans le bâtiment.
Selon une enquête préliminaire citée par la télévision d'Etat CCTV, l'incendie aurait été déclenché par "des étincelles générées lors de travaux de rénovation interne".
Ces étincelles "ont enflammé les substances volatiles de la peinture inflammable sur le site", selon cette enquête.
- Lits calcinés et murs noircis -
Mercredi matin, une forte présence policière était toujours visible autour de l'établissement, tentant de décourager les groupes de passants qui observaient et filmaient avec leurs téléphones, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'entrée principale du bâtiment semblait quasiment intacte de l'extérieur, mais des images de l'intérieur publiées par le média économique Caixin montrent des lits entièrement calcinés et des murs noircis.
Sur une façade du complexe hospitalier, on aperçoit des fenêtres et des murs brunis par la suie, ainsi qu'une vitre cassée.
L'alerte sur un départ de feu à l'hôpital Changfeng a été donnée mardi peu avant 13H00 (05H00 GMT) et le sinistre a été éteint une demi-heure plus tard, selon les médias locaux.
Sur les 29 victimes, 26 étaient des patients, deux des employés de l'hôpital et un autre était un proche d'un patient, selon CCTV.
Quant aux 78 patients encore dans l'établissement, ils ont été déplacés dans l'aile ouest, selon la même source.
Les autorités municipales ont elles indiqué que 39 blessés de l'incendie étaient toujours hospitalisés mercredi matin.
- Censure en ligne -
Cet incendie est le plus grave dans la capitale chinoise depuis plus d'une vingtaine d'années. En juin 2002, un incendie dans un café internet avait tué 25 étudiants.
Des images de gens cherchant à se protéger des flammes assis sur des climatiseurs installés sur la façade de l'hôpital, ou s'accrochant à des draps avant de sauter du bâtiment ont été partagées sur les réseaux sociaux.
"La priorité numéro un est de soigner les blessés", a déclaré Yin Li, secrétaire du Parti Communiste à Pékin qui s'est rendu sur place, selon le Quotidien de Pékin.
Plusieurs familles de patients disent avoir perdu le contact avec leurs proches, les patients portés disparus étant principalement des personnes âgées ayant des difficultés à se déplacer, a indiqué mercredi le Quotidien de la jeunesse chinoise, un journal officiel.
L'hôpital Changfeng se trouve dans l'ouest de Pékin, à environ 25 minutes en voiture de la place Tiananmen.
Sur le réseau social chinois Weibo, des internautes se plaignaient mercredi de la censure en ligne rapidement appliquée autour de ce drame.
- Des précédents -
"Tellement de gens sont morts. C'est un incident majeur en matière de sécurité et bizarrement ce n'est pas aussi populaire qu'une célébrité en insultant une autre", notait l'un d'eux.
"Ils font un bon travail pour supprimer (cette information) parmi les termes les plus recherchés" sur le réseau social, ironisait un autre.
Les incendies mortels sont assez courants en Chine, en raison de normes de sécurité insuffisantes et de la corruption chez les responsables chargés de les appliquer. Mais ils sont plus rares à Pékin.
En novembre 2022, 10 personnes avaient été tuées dans l'incendie d'un immeuble résidentiel à Urumqi, la capitale régionale du Xinjiang (nord-ouest), déclenchant un mouvement de colère populaire contre les restrictions sanitaires anti-Covid, accusées d'avoir gêné le travail des secours.
En novembre également, 38 personnes étaient décédées dans l'incendie d'une usine à Anyang (centre), les autorités accusant des employés de mauvaise manipulation.
P.Colombo--PV