Pallade Veneta - Jeûne mortel au Kenya: reprise des recherches, les familles de disparus dans l'attente

Jeûne mortel au Kenya: reprise des recherches, les familles de disparus dans l'attente


Jeûne mortel au Kenya: reprise des recherches, les familles de disparus dans l'attente
Jeûne mortel au Kenya: reprise des recherches, les familles de disparus dans l'attente / Photo: Yasuyoshi CHIBA - AFP

Les recherches de corps ont repris mercredi dans la forêt de Shakahola, au Kenya, où sont morts au moins 90 membres d'une secte prônant de jeûner pour "rencontrer Jésus", suscitant l'angoisse de proches réunis à la morgue de la ville voisine de Malindi.

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La découverte de fosses communes dans cette forêt de l'est du Kenya a plongé le pays dans la stupeur.

Lorsque le bilan a atteint 90 morts mardi soir, la police avait annoncé suspendre les recherches pour mener des autopsies et désengorger les morgues qui étaient pleines.

Mais mercredi matin, les fouilles ont repris, a constaté un journaliste de l'AFP. "Les exhumations sont en cours", a confirmé à l'AFP un policier.

La révélation de ce qui est désormais appelé le "massacre de la forêt de Shakahola" a provoqué de nombreux appels à la répression vis-à-vis des sectes dans ce pays à majorité chrétienne.

Dans l'hôpital public de Malindi, où les corps des victimes ont afflué au-delà des capacités de la morgue, des familles cherchaient à connaître le sort de leurs proches disparus.

"La dernière fois que j'ai vu ma mère c'était en février, elle était membre de la secte", s'inquiète Issa Ali, un jeune homme de 16 ans: "Elle était tellement faible la dernière fois que je l'ai vue".

Hassan Musa, un responsable de la Croix-Rouge kényane, a dit à l'AFP que 311 personnes "dont 150 mineurs" ont été déclarés portés disparus" auprès de l'organisation à Malindi.

- Une majorité d'enfants -

"Nous ne savons pas combien de tombes, combien de corps, nous pourrons trouver", a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki lors d'une visite sur les lieux du drame, ajoutant que les crimes commis étaient suffisamment graves pour justifier des poursuites pour terrorisme contre Paul Mackenzie Nthenge, le "pasteur" autoproclamé de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church).

La majorité des morts étaient des enfants, ont confié à l'AFP trois sources proches de l'enquête, soulignant la nature macabre des pratiques de la secte.

Hussein Khalid, directeur de l'ONG Haki Africa qui a alerté la police sur les activité de Paul Mackenzie Nthenge, a dit à l'AFP que le chef de la secte avait préconisé d'affamer les enfants en premier, puis les femmes et enfin les hommes avant la fin du monde qui devait venir en juin.

Selon lui, entre 50 et 60% des victimes étaient des enfants dont les corps étaient enveloppés dans des tissus en coton et déposés dans des fosses peu profondes.

Par ailleurs, Kawthar Muhamed, responsable de la Croix-Rouge du Kenya, a dit à l'AFP mercredi que les sauveteurs ont trouvé "deux personnes de plus dans la forêt ce matin".

La veille, M. Kindiki avait fait état de 34 personnes retrouvées vivantes sur cette zone de "bush" de 325 hectares.

- Arrestations -

Le président kényan William Ruto a promis de prendre des mesures contre les pasteurs autoproclamés tels que M. Nthenge "qui veulent utiliser la religion pour promouvoir des idéologies bizarres et inacceptables".

Depuis les premières découvertes la semaine dernière, des interrogations sont apparues sur les raisons pour lesquelles M. Nthenge a pu agir sans être inquiété par la police alors qu'il avait déjà été arrêté une première fois en 2017 sur des accusations de "radicalisation".

Le "pasteur" autoproclamé a été arrêté de nouveau le mois dernier, selon des médias locaux, après la mort de deux enfants affamés par leurs parents liés à la secte. Il avait rejeté les accusations et avait été libéré contre une caution de 100.000 shillings kényans (environ 670 euros).

Il est aujourd'hui détenu, avec 14 autres personnes, dans l'affaire des morts de la forêt de Shakahola. Il doit comparaître au tribunal le 2 mai.

L.Bufalini--PV