Le pape à la rencontre de réfugiés dans la Hongrie d'Orban
Le pape François, inlassable défenseur de "l'ouverture aux autres", ira samedi, au deuxième jour de sa visite en Hongrie, à la rencontre de réfugiés dans ce pays d'Europe centrale qui érige des murs à ses frontières.
Le jésuite argentin de 86 ans, à la santé fragile, a donné le ton à son arrivée à Budapest vendredi: il a mis en garde devant le Premier ministre nationaliste Viktor Orban contre "la rigidité", les "fermetures" et la tendance "au repli".
Un millier de réfugiés et personnes pauvres sont attendus à l'église néo-gothique Sainte-Elisabeth, au coeur de la capitale, où le pape s'exprimera vers 10H15 (08H15 GMT).
Le conflit en Ukraine voisine s'impose comme le fil rouge de cette visite du souverain pontife, la deuxième en moins de deux ans en Hongrie.
A rebours de son discours habituel, le gouvernement hongrois aime vanter l'hospitalité offerte aux réfugiés ukrainiens, saluée par François en avril 2022 à l'occasion d'une audience au Vatican avec M. Orban.
Depuis le début du conflit, plus de deux millions d'Ukrainiens ont foulé le sol hongrois mais seulement 35.000 ont réclamé le statut de "protection temporaire" mis en place par l'Union européenne (UE), d'après des données du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR).
C'est bien moins par habitant que d'autres pays voisins de l'Ukraine, comme la Pologne ou la Roumanie.
- Condamnations multiples -
De fait, la position ambiguë de Viktor Orban à l'égard du conflit n'incite guère les réfugiés ukrainiens à s'attarder en Hongrie.
Refus d'envoyer des armes à Kiev et maintien de liens étroits avec le Kremlin: le dirigeant nationaliste va à contre-courant de la solidarité affichée par l'UE et l'Otan.
La situation est encore plus dure pour les autres nationalités, sur fond de déliquescence du système d'intégration.
Loin de l'accueil bienveillant sans distinction prôné par le souverain pontife, Viktor Orban brandit sa défense de "la civilisation chrétienne" pour repousser les migrants.
Sous son égide, la Hongrie a bâti des clôtures à ses frontières et restreint le dépôt des demandes d'asile aux ambassades à l'étranger, une politique qui lui a valu plusieurs condamnations de la Cour de justice de l'UE.
L'an dernier, seules 18 personnes ont obtenu le statut de réfugiés, un chiffre dérisoire qui n'a pas d'équivalent ailleurs dans l'UE.
Outre des Ukrainiens, le pape s'entretiendra avec des réfugiés originaires d'Afghanistan, d'Irak ou encore d'Iran, dont un homme persécuté pour sa foi chrétienne et "détenu pendant 553 jours dans une zone de transit" avec son jeune fils, selon le Comité hongrois d'Helsinki (HCC).
En mai 2020, la justice européenne avait estimé que les demandeurs d'asile étaient retenus sans motif valable dans des camps situés dans ces zones situées à la frontière avec la Serbie. Cela avait conduit le gouvernement hongrois à fermer ces camps controversés, ouverts en 2015.
Le pape doit également rencontrer samedi matin des enfants handicapés avant de clôturer la journée dans un stade où sont attendus quelque 11.000 jeunes, et une traditionnelle rencontre avec des jésuites locaux.
En fin de matinée, il rendra également visite à la communauté grecque-catholique, Eglise orientale de rite byzantin qui reconnaît l'autorité du pape.
Pour son 41e voyage international depuis son élection en 2013, François, deuxième pape à visiter la Hongrie après Jean Paul II, présidera dimanche une messe en plein air derrière le Parlement.
J.Lubrano--PV