Yvan Colonna très grièvement blessé par un détenu dans la prison d'Arles
Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été très grièvement blessé mercredi par un codétenu, condamné pour terrorisme, de la prison d'Arles.
Les faits se sont déroulés dans la matinée au cours d'un "atelier sportif" organisé dans l'établissement, lorsqu'un détenu, pour des raisons encore inconnues, a violemment agressé à mains nues Yvan Colonna, a indiqué à l'AFP une source policière, confirmant une information de BFMTV.
L'agresseur est un "jihadiste" camerounais de 36 ans, Franck Elong Abé qui, interpellé en Afghanistan, purge une peine de neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, ont précisé à l'AFP deux sources proches du dossier.
L'état d'Yvan Colonna "est très grave, son pronostic vital est engagé. Pour l'instant, il est en réanimation, il n'est pas mort", a rapporté à l'AFP une source proche de l’enquête.
Un des avocats du militant indépendantiste, Sylvain Cormier, a confirmé à l'AFP qu'Yvan Colonna était "vivant mais dans un état critique". "La famille est catastrophée, c'est l'enfer", a-t-il ajouté.
Me Cormier a jugé "particulièrement ahurissant qu'alors qu’Yvan Colonna est l'un des détenus les plus surveillés de France de par son statut (...) qui l'empêche d'être rapproché de ses proches en Corse, l'administration pénitentiaire se soit révélée incapable d'assurer sa protection élémentaire".
- Cavale -
Dans un tweet, l'association de défense des prisonniers corses Sulidarita, qui réclame le rapprochement en Corse des détenus originaires de l'île, a vivement interpellé le gouvernement: "la seule question que nous posons à la justice française est celle-ci: +est-ce que leur mort en détention est réellement votre objectif ?+".
Emprisonné à Arles, Yvan Colonna avait présenté plusieurs demandes de rapprochement en Corse, toutes refusées.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête pour tentative d'assassinat, selon une source proche de l'enquête.
Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 à Ajaccio, après quatre ans de cavale dans le maquis corse.
Il a toujours nié les faits.
Vingt-quatre ans après les faits, trois hommes sont toujours emprisonnés pour l'assassinat du préfet de Corse.
Le soir du 6 février 1998, Claude Erignac meurt sous les balles d'un tueur dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre. Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm, dont l'un tiré dans la nuque à bout portant.
L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.
L'assassinat du préfet provoque une onde de choc. Les jours suivants, des dizaines de milliers de Corses expriment leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.
Un groupe anonyme revendique l'assassinat du préfet le 9 février.
- Saga judiciaire -
Deux militants nationalistes sont alors interpellés et passeront de longs mois de prison, avant d'être relâchés.
Le 21 mai 1999, quatre hommes sont interpellés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.
Huit nationalistes comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettent Yvan Colonna hors de cause.
A l'issue du procès, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont condamnés à perpétuité pour assassinat, les autres à des peines de quinze à trente ans pour complicité. Vincent Andriuzzi et Jean Castela, présentés par l'accusation comme les "théoriciens", feront appel et seront acquittés en 2006.
Yvan Colonna est arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud).
Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne, est condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en cause des autres membres du commando et de leurs épouses.
Son pourvoi en cassation est rejeté le 11 juillet 2012, ce qui rend sa condamnation définitive. Il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme qui juge le 8 décembre 2016 irrecevable sa requête pour violation de sa présomption d’innocence.
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U.Paccione--PV