Serbie: le président annonce un vaste plan de désarmement après deux tueries en moins de 48 heures
Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé vendredi un vaste plan de désarmement après deux tueries commis en moins de 48 heures dans le petit pays des Balkans, où les armes circulent massivement.
Les deux tueries dans lesquelles 17 personnes ont péri ont horrifié les Serbes et leur président a promis de réduire considérablement le nombre d'armes détenues légalement et de saisir celles illégalement détenues lors d'une vaste opération qui débouchera sur le "désarmement presque complet de la Serbie".
"C'est une attaque contre notre pays tout entier et tous les citoyens le ressentent", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une adresse à la nation.
Cette promesse survient après l'arrestation vendredi d'un homme suspecté d'avoir tué huit personnes et blessé au moins 14 autres.
La seconde tuerie a eu lieu aux alentours de minuit dans trois villages proches de Mladenovac, à une soixantaine de kilomètres au sud de Belgrade. Un suspect âgé de 21 ans muni d'une arme automatique a ouvert le feu sur les victimes depuis une voiture en mouvement, selon la télévision publique RTS.
La tuerie a déclenché une longue traque qui a mobilisé environ 600 agents des forces de l'ordre, dont des membres d'une unité spéciale antiterroriste.
"A l'issue d'une vaste chasse à l'homme, des membres du ministère de l'Intérieur ont arrêté U.B., né en 2002", a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
- Effroi -
Les autorités ont dit que le suspect avait été arrêté près de la ville de Kragujevac, dans le centre de la Serbie, à environ 90 km des lieux de la tuerie.
L'homme a été retrouvé au domicile d'un proche après avoir pris en otage un chauffeur de taxi qui a ensuite alerté les autorités, selon le président Vucic.
Il était en possession de quatre grenages, d'une Kalashnikov et d'une quantité importante de munitions.
Le ministre serbe de l'Intérieur, Bratislav Gasic, a qualifié les faits d'"acte terroriste".
La tragédie est survenue moins de deux jours après la pire tuerie de masse commise dans une école dans l'histoire récente de la Serbie. Un élève de 13 ans a tué mercredi neuf personnes, dont huit enfants et un garde, dans un établissement scolaire du centre de Belgrade.
Ces fusillades ont semé l'effroi. Des milliers d'habitants se sont rendus sur des sites commémoratifs improvisés pour rendre hommage aux victimes. D'autres ont fait la queue pour donner leur sang.
Le second incident a commencé quand l'assaillant a tiré sur des gens qui se trouvaient dans la cour d'une école dans le village de Dubona, tuant plusieurs personnes, dont un policier qui n'était pas de service, et sa soeur.
Il a ensuite tiré sur des gens dans deux autres villages, Malo Orasje et Sepsin, avant de s'enfuir, selon la RTS.
Les médias rapportent que les victimes sont surtout des jeunes gens.
"Nous avons entendu des coups de feu dans la soirée, mais j'ai pensé qu'il s'agissait d'un feu d'artifice, que des enfants s'amusaient. Je ne pouvais même pas imaginer qu'une telle chose était en train de se produire", a déclaré à l'AFP Zvonko Mladenovic, un habitant de Dubona.
- Traces de sang -
Il a expliqué que la petite-fille de son cousin figurait parmi les victimes. "Elle est venue rendre visite à son grand-père. C'est là où les jeunes traînaient et... elle a reçu une balle dans la tête", a raconté M. Mladenovic. "D'abord les enfants à Belgrade et maintenant ça."
Slobodan Nikolic, autre habitant de Dubona, a expliqué qu'un groupe de jeunes étaient assis sur un banc et étaient en train de chanter avant la fusillade. Un photographe de l'AFP a vu des traces de sang autour d'un banc dans le village.
Des proches inquiets se sont rassemblés devant un centre médical de Belgrade, où au moins huit des personnes blessées étaient hospitalisées, selon la télévision NA.
Conséquence de la tuerie de l'école, la Serbie entame vendredi trois jours de deuil national à une époque où normalement, les gens fêtent l'arrivée du printemps en prenant d'assaut les terrasses de café et les parcs.
Les tueries de masse sont extrêmement rares en Serbie et Aleksandar Vucic a déploré "l'un des jours les plus difficiles dans l'histoire contemporaine" du pays.
Un grand nombre d'armes à feu circulent dans les Balkans depuis l'éclatement de l'ex-Yougoslavie et les guerres sanglantes des années 1990.
Quelque 765.000 armes, dont plus de 232.000 pistolets, sont légalement enregistrées dans le pays de moins de sept millions d'habitants où les stands de tir sont populaires.
En avril 2013, un villageois avait tué par balle 13 personnes, parmi lesquelles des membres de sa famille et des voisins, non loin de Mladenovac.
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A.Rispoli--PV