Hong Kong: le magnat Jimmy Lai débouté d'une demande concernant son avocat britannique
Le magnat de la presse hongkongais Jimmy Lai a été débouté vendredi d'une requête contestant la mise à l'écart par les autorités de son avocat britannique, le tribunal se déclarant incompétent pour instruire sa demande.
M. Lai, l'un des militants pro-démocratie les plus connus de Hong Kong, est derrière les barreaux depuis fin 2020 et accusé de "collusion avec des forces étrangères", un crime selon la loi sur la sécurité nationale. Cette loi a été promulguée en 2020 dans la foulée des manifestations qui ont secoué le territoire de juin à décembre 2019.
Pour assurer sa défense, le fondateur de l'Apple Daily, journal critique du pouvoir chinois contraint de fermer en 2021, avait fait appel à l'avocat britannique Tim Owen, spécialisé dans la défense des droits humains. La désignation de M. Owen avait dans un premier temps été avalisée par les magistrats, contre l'avis des autorités.
Mais Pékin est intervenu en décembre pour donner au chef de l'exécutif de Hong Kong, John Lee, le pouvoir d'interdire à des avocats étrangers de plaider dans des affaires de sécurité nationale dans la métropole.
Dans la foulée, le Comité national de sécurité, un organe directement sous les ordres de Pékin, a demandé aux services de l'immigration de retirer le visa de travail de l'avocat britannique.
Dans son jugement vendredi, le magistrat Jeremy Poon a estimé que le magnat ne pouvait contester devant la justice une décision du comité.
"Les tribunaux (de Hong Kong) n'ont pas de juridiction sur le travail" du Comité national de sécurité, a-t-il écrit dans son jugement.
"Le pouvoir de supervision (du comité) est du ressort exclusif" de Pékin, a-t-il ajouté.
Le procès de M. Lai, qui devait démarrer en décembre 2022, a été reporté en septembre 2023 après que Hong Kong a demandé à Pékin d'empêcher M. Lai d'être représenté par Tim Owen.
Mardi, Reporters sans frontières (RSF) et une centaine de dirigeants de médias internationaux avaient appelé à la "libération immédiate" de Jimmy Lai.
Hong Kong occupe le 140e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, après avoir chuté de 122 places "en à peine 20 ans", selon l'ONG. La Chine se situe quant à elle au 179e rang.
A.Rispoli--PV