Policiers tués dans le Nord: le conducteur mis en cause, alcoolisé, roulait à contre-sens
Les trois jeunes policiers tués dans une collision dimanche dans le Nord ont été percutés par un véhicule à contre-sens, en excès de vitesse et dont le conducteur était fortement alcoolisé et drogué, selon les éléments d'enquête dévoilés lundi par la procureure de Lille.
Le conducteur mis en cause, tué dans le choc, "présente un taux d'alcool dans le sang de 2,08g/l et il est par ailleurs positif au cannabis", a détaillé la procureure Carole Étienne lors d'une conférence de presse.
"Les premiers éléments de l’enquête viennent conforter l’hypothèse d’un choc frontal intervenu entre les deux véhicules", a précisé Mme Etienne, la vidéosurveillance et les témoignages permettant d'affirmer que le véhicule, une Alfa Romeo, "était engagé à contre-sens".
Le compteur de vitesse de cette voiture "est resté bloqué juste en dessous de 120 km/h", a-t-elle également souligné. L'équipage policier circulait pour sa part "avec un gyrophare".
Une enquête a été ouverte pour homicide et blessures involontaires.
- Minute de silence -
Les trois policiers décédés, deux hommes de 25 ans et une femme de 24 ans, avaient pris leur service une heure auparavant, selon le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Nord, Thierry Courtecuisse.
Ils transportaient cette adolescente de 16 ans à l'unité médico-judiciaire de Lille "afin de la faire examiner en urgence par un médecin dans le cadre d'une enquête ouverte pour des faits d'atteinte à sa personne qu'elle avait dénoncés au cours de la nuit", selon la procureure.
Son état de santé "n'a toujours pas permis de l'entendre", a-t-elle précisé.
Le pronostic vital du passager de l'Alfa Romeo demeure lui "engagé". Il aurait insulté un sapeur-pompier venu le secourir et refusé de décliner son identité, selon l'enquête.
En visite lundi matin au commissariat de Roubaix, dont dépendaient les trois victimes, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'un hommage leur serait rendu d'ici la fin de la semaine, sans préciser le jour de cette cérémonie, qu'il présidera.
L'entourage du ministre précise que le président Emmanuel Macron "a décrété que soit lu un discours d’hommage aux policiers dans tous les commissariats, brigades de gendarmerie, préfectures et sous-préfectures".
Une minute de silence a déjà été observée en début de séance lundi après-midi à l’Assemblée nationale.
- "Un drame" -
"La vie était devant eux", a souligné le ministre, qui a évoqué "cet enfant qui va avoir un an et qui ne va pas connaître son père" ou "cette femme enceinte qui ne va pas pouvoir présenter son futur enfant à son papa".
Élus locaux, députés et habitants sont venus déposer des fleurs lundi matin au pied de l'imposante bâtisse en briques du commissariat central de Roubaix. "La Nation vous remercie", a-t-on pu lire au milieu des bouquets.
"C'est triste... En plus ils étaient jeunes, ça doit être un choc pour leur famille", a estimé Ibtissem Soltani, 18 ans, venue en voisine. "Et puis il y avait une jeune fille avec eux qui a été blessée, ça aussi ça me touche."
"On reste dans le recueillement, l'émotion. On veut savoir ce qui s'est passé, si les blessés ont été entendus. C'est un drame", a déploré le secrétaire zonal adjoint Alliance dans la région, Arnaud Boutelier.
Douze membres des forces de l'ordre ont trouvé la mort ces quinze dernières années dans des accidents multi-meurtriers pour les forces de l'ordre, dont le dernier, survenu le 11 avril dans les Landes, avait coûté la vie à deux gendarmes qui tentaient de contrôler un véhicule roulant dangereusement à vive allure.
O.Mucciarone--PV