L'étude pré-print sur le Covid co-signée par Didier Raoult va être retirée
Sous la pression de la direction des hôpitaux marseillais, Didier Raoult et les co-auteurs d'un "pre-print" publié en ligne d'une étude controversée sur les patients Covid soignés à Marseille ont décidé de la retirer, selon les hôpitaux marsellais et Didier Raoult.
"Tous les auteurs (dont moi) du pre-print qui fait si peur en montrant que l'on pouvait soigner, ont décidé, par solidarité avec le Pr Lagier menacé par la direction, de retirer le pre-print pour ne pas laisser croire à une trahison de sa part et pour protéger les plus jeunes", a annoncé dans un tweet Didier Raoult vendredi soir.
Un peu plus tôt, les hôpitaux marseillais (AP-HM) avaient indiqué toujours sur Twitter qu'à "la suite des échanges avec la Direction Généralele, le Pr Jean-Christophe Lagier, co-auteur et chef de service dans le pôle des maladies infectieuses a annoncé ce jour le retrait du pre-print".
"Je pense que la réputation de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille est suffisamment gravement mise en cause aujourd'hui pour que ce papier soit retiré afin de préserver l'IHU", a expliqué à l'AFP le directeur de l'AP-HM François Crémieux.
Ce "pre-print" -une version non relue par des pairs ni publiée dans une revue scientifique- avait été qualifiée en début de semaine de "plus grand essai thérapeutique +sauvage+ connu" par 16 sociétés savantes de médecine dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde.
Signé du controversé professeur Didier Raoult et de sept co-auteurs dont la plupart exercent encore à l'IHU, porte sur plus de 30.000 patients Covid soignés à Marseille. Elle conclut que l'administration d'hydroxychloroquine (ou d'ivermectine) a réduit la mortalité des patients Covid.
Mercredi le ministre de la Santé François Braun avait brandi la menace de sanctions contre ces co-auteurs au Sénat où il était interpellé sur "une inertie des pouvoirs publics" par Bernard Jomier (écologiste, apparenté PS) face aux dérives de l'IHU de Marseille sous l'ère Raoult. Le professeur, aujourd'hui émérite, avait dirigé l'IHU de sa création jusqu'à l'été 2022.
Le président de l'Université Aix-Marseille, Eric Berton, avait lui aussi estimé dans un entretien à l'AFP que ce pre-print "ne sert pas la réputation" de l'IHU, qui a besoin de retrouver de la "sérénité". Et il craint que cela ne retarde l'autorisation de l'agence du médicament pour que l'IHU puisse reprendre des essais cliniques, actuellement suspendus.
Dans leur tribune, les sociétés savantes avaient regretté "l'absence de réaction des institutions" face aux traitements prescrits par les équipes de l'IHU aux patients atteints de Covid-19, sans preuve d'efficacité et au mépris des recommandations officielles.
E.Magrini--PV