Bizutage mortel: 500 personnes dans la rue à Bruxelles pour dénoncer le verdict
Environ 500 personnes ont manifesté dimanche à Bruxelles en mémoire de Sanda Dia, un étudiant métis mort à la suite d'un bizutage en 2018, dénonçant le jugement clément dont ont bénéficié à leurs yeux les membres du cercle étudiant à l'origine du drame.
"Justice for Sanda", "le silence tue", proclamaient les pancartes brandies par les manifestants, en grande partie des étudiants et des familles, selon un photographe de l'AFP.
Un des organisateurs du rassemblement, Jean Kitenge, a dénoncé "une justice de classe". "Est-ce que la sentence aurait été la même si les auteurs avaient été comme moi noir ou maghrébin?", a-t-il interrogé, appelant aussi à "cadrer davantage les folklores étudiants".
Ce étudiant belgo-congolais, se disant touché à titre personnel par l'affaire, a rappelé que Sanda Dia, un Anversois né de père mauritanien, n'était pas du même milieu social et de la même couleur de peau que les organisateurs du bizutage, issus du cercle Reuzegom. Des fils de "l'élite" flamande, selon lui.
Le rassemblement était symboliquement organisé devant le Palais de justice de Bruxelles, neuf jours après l'épilogue judiciaire, à Anvers (nord), de ce dossier qui a eu un gros retentissement, particulièrement en Belgique néerlandophone.
En décembre 2018, Sanda Dia, qui entamait alors ses études d'ingénieur à la prestigieuse université catholique de Louvain (KU Leuven), avait subi un bizutage de trois jours avec deux camarades.
Il avait dû ingurgiter une quantité phénoménale d'alcool, sans pouvoir s'hydrater pour faire baisser son alcoolémie, puis séjourner dans un trou d'eau glacé dont il était ressorti en hypothermie.
Le "bizuté", âgé de 20 ans, avait aussi été contraint de boire une mixture très salée à base d'huile de poisson. Une surdose de sodium a entraîné un oedème cérébral dont il n'a pas survécu. Il est mort à l'hôpital deux jours après avoir été admis aux soins intensifs.
Au total dix-huit de ses camarades d'études, membres de la fraternité Reuzegom, ont été renvoyés en procès pour répondre notamment d'homicide involontaire, traitement dégradant et non assistance en personne en danger.
Le 26 mai, la cour d'appel d'Anvers a condamné les 18 étudiants à des travaux d'intérêt général d'une durée de 200 à 300 heures, et à 400 euros d'amende chacun. A l'audience, en mars, le parquet avait réclamé des peines allant de 18 jusqu'à 50 mois de prison.
Dans la presse, Ousmane Dia, le père de la victime, a dénoncé une décision "irrespectueuse", et a reproché à la KU Leuven de n'avoir pas cherché "la vérité" en renonçant à se porter partie civile.
H.Ercolani--PV