Pallade Veneta - L'industrie du divertissement tente de résister à l'essor du streaming illégal

L'industrie du divertissement tente de résister à l'essor du streaming illégal


L'industrie du divertissement tente de résister à l'essor du streaming illégal
L'industrie du divertissement tente de résister à l'essor du streaming illégal / Photo: - - AFP/Archives

"Il est plus facile que jamais d'accéder à des contenus illégaux": malgré l'arsenal législatif en place et les mesures prises par l'industrie du divertissement, le piratage sur internet se répand, regrette Andy Chatterley, PDG de la société britannique MUSO, qui mesure ce phénomène.

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Pour l'année 2022, MUSO, qui revendique les données les plus complètes sur le piratage, estime à 215 milliards le nombre de visites de sites illégaux, et ses analyses montrent une augmentation du piratage de 18% entre 2021 et 2022, pour une sélection de 480.000 films et séries télévisées.

Les mesures restrictives prises par les autorités ne suffisent pas à décourager les personnes cherchant ces contenus illégaux, d'autant plus qu'ils restent facilement accessibles.

Il suffit de quelques minutes pour trouver sur Google une liste de sites de streaming illégaux et accéder aux derniers épisodes des séries à succès "Succession" ou "White Lotus", sans inscription ni paiement.

Sur le site de discussions Reddit, un forum comptant près de 1,2 million d'utilisateurs liste notamment des sites pirates de streaming et de téléchargement. Toutes les excuses possibles et imaginables y sont invoquées pour justifier le recours à ces sites illégaux.

Un facteur revient souvent: l'explosion du nombre de plateformes de streaming (Netflix, Amazon, Disney+, HBO...), dont les abonnements sont de plus en plus onéreux.

"J'en payais une ou deux mais, maintenant, il y en a 50 et tout ce qui existe dans le monde coûte de plus en plus cher pratiquement chaque jour. Alors, je suis retourné au piratage", explique Jaydra.

D'autres sont d'une franchise désarmante: "Je n'ai pas d'excuse. Je pourrais me permettre de tout payer si je le voulais mais, au lieu de donner mon argent au PDG d'une entreprise de médias qui gagne mille fois plus que moi, je préfère économiser cet argent pour ma propre retraite", écrit ScarecrowJohnny, un autre utilisateur de Reddit.

- "Beaucoup de progrès" -

Face à ce phénomène, l'industrie du divertissement n'abandonne pas.

Elle reconnaît que les amendes massives infligées à des particuliers pour le téléchargement de quelques films ont été contre-productives, les faisant passer pour des entreprises tyranniques, tandis que les décisions de justice visant à bloquer des sites pirates n'étaient souvent qu'une perte de temps.

Aujourd'hui, elle se concentre sur les gros poissons, "les gens qui achètent des +supercars+ (des voitures de sport, NDLR) avec les millions qu'ils gagnent sur les sites de piratage", selon les termes de Stan McCoy, de la Motion Picture Association, qui représente les intérêts des studios hollywoodiens.

Cette association a lancé l'Alliance pour la créativité et le divertissement (ACE), créée en 2017 pour coordonner les efforts de lutte contre le piratage à l'échelle mondiale.

Depuis le début de l'année, l'action de l'ACE a permis la fermeture de sites pirates en Espagne, au Brésil, en Allemagne, au Vietnam, en Égypte et en Tunisie, chacun comptant des millions d'utilisateurs mensuels.

L'élimination du piratage n'étant pas réaliste, l'objectif le plus important est peut-être de veiller à ce qu'il ne se banalise pas.

"Nous avons fait beaucoup de progrès pour rendre le piratage moins facile", estime M. McCoy. "Si les gens sont déterminés à enfreindre la loi, ils le feront. Mais il faut que ce soit un phénomène marginal, et non un phénomène de masse".

Paradoxalement, les plateformes de streaming peuvent bénéficier de la surveillance du piratage, en se servant par exemple des données produites par MUSO pour mesurer le succès des films et des séries télévisées.

"Nous avons des clients qui observent ce qui est populaire sur les sites pirates et qui l'achètent pour leur plateforme", concède M. Chatterley, PDG de MUSO.

G.Riotto--PV