Pallade Veneta - "Plus de maison" : les Ukrainiens fuient les inondations après la destruction d'un barrage

"Plus de maison" : les Ukrainiens fuient les inondations après la destruction d'un barrage


"Plus de maison" : les Ukrainiens fuient les inondations après la destruction d'un barrage
"Plus de maison" : les Ukrainiens fuient les inondations après la destruction d'un barrage / Photo: ALEKSEY FILIPPOV - AFP

L'eau boueuse atteint déjà les toits de la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, et les sauveteurs se démènent encore pour évacuer sur de petits bateaux et des véhicules amphibies ses habitants, qui pour certains n'ont plus que leurs papiers d'identité.

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"Nous n'avons plus de maison. L'eau l'a recouverte jusqu'au toit. On ne voit même pas le toit", témoigne Dmitri Melnikov, 46 ans, en sortant au sec d'un véhicule amphibie aux côtés de ses cinq enfants.

"Toute la zone est maintenant sous l'eau. C'est au-dessus du niveau des rez-de-chaussée", dit-il, tenant sa fille par la main.

La destruction mardi du barrage hydroélectrique de Kakhovka, en amont du Dniepr, a provoqué des inondations tant sur la rive de ce fleuve contrôlée par l'Ukraine, dont Kherson, que sur celle occupée par les Russes. Les deux camps s'accusent mutuellement de cette catastrophe et procèdent à des évacuations.

Policiers, secouristes et militaires se dépêchent pour évacuer la population, notamment de nombreuses personnes âgées, ainsi que les animaux de compagnie. Certains habitants de Kherson ont pris les choses en main en plongeant dans l'eau, tandis qu'un homme pagaie sur un matelas gonflable.

Natalia Korj, 68 ans, sourit en débarquant pieds nus, les vêtements trempés, sur la terre ferme avec quelques sacs d'effets personnels, aidée par deux sauveteurs.

"Toutes mes pièces sont sous l'eau. Mon frigo flotte, le congélateur, tout", raconte-t-elle.

Elle a dû nager pour s'échapper de sa maison. Ses jambes sont couvertes d'égratignures, ses mains tremblent de froid. "Nous avons l'habitude des tirs (d'artillerie) mais une catastrophe naturelle, c'est un vrai cauchemar", se désole-t-elle.

Elle craint pour ses deux chiens et son chat, qu'elle n'a pas pu sauver faute d'avoir pu les atteindre.

- L'eau et les explosions -

"Les riverains nous envoient leur géolocalisation quand c'est possible et nous les récupérons", explique Serguiï, un policier de 38 ans qui participe à la coordination des efforts de sauvetage.

Svetlana Abramovitch, 56 ans, organise quant à elle le sauvetage de 22 habitants toujours coincés dans un immeuble de cinq étages dont le rez-de-chaussée est inondé.

"L'eau a commencé à arriver hier soir et, 18 heures après, elle a inondé le bâtiment et la cour. L'eau est entrée par les portes et dans les appartements du rez-de-chaussée", raconte-t-elle.

Certaines des personnes évacuées sourient en arrivant en sécurité, d'autres tremblent et pleurent. Elles réagissent à peine au son d'une sirène d'alerte antiaérienne, Kherson étant régulièrement bombardée par les forces russes.

"Là-bas, c'est l'eau. Ici, ce sont les explosions", constate Svetlana.

"Nous sommes ici depuis le début de la guerre, nous avons survécu à l'occupation. Mais maintenant nous n'avons plus de maison, plus rien, plus de travail. Nous ne voulons pas partir mais que pouvons-nous faire ?", se lamente-t-il.

Un homme enveloppé dans une couverture et portant une lampe frontale embrasse son chat, tandis qu'une femme portant robe à fleurs et lunettes de soleil tient un chat gris et blanc visiblement nerveux.

Les bénévoles emmènent les familles à la gare routière où certains prennent un car gratuit pour la cité voisine de Mykolaïv. Il y a aussi un train pour les évacués.

Beaucoup préfèrent cependant rester à Kherson et dans les villages voisins, dans l'espoir que les eaux finissent par se retirer.

Serguiï Trofimov, 34 ans, un bénévole pour l'organisation humanitaire Proliska, travaille à la gare routière depuis la matinée, aidant les gens à trouver un transport.

"Les gens veulent attendre que le niveau de l'eau baisse, donc ils ne veulent pas aller trop loin", explique-t-il. "Ils veulent rentrer chez eux le plus tôt possible."

A.Fallone--PV