JO-2024: autour de la flamme olympique, une "bulle" pour éviter le buzz
Le relais de la flamme olympique en vue des Jeux de Paris-2024, dont le parcours est dévoilé vendredi, pourrait offrir une importante caisse de résonance aux opérations coup de poing d'activistes, sans oublier la menace terroriste, et mobilisera policiers et gendarmes en nombre pendant près de trois mois.
La torche, allumée sur le site d'Olympie en Grèce, doit arriver par la mer à Marseille à bord du trois-mâts Bélem le 8 mai 2024 puis sillonner une soixantaine de territoires français, via les Antilles et Tahiti, avant son arrivée à Paris pour la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet.
La sécurité de ce long périple de 12.000 kilomètres, avalés par quelque 10.000 relayeurs, fait déjà l'objet de l'attention des autorités, soucieuses d'éviter tout incident qui viendrait gâcher la fête avant même qu'elle ait vraiment commencé.
Dans une instruction en date du 28 avril, que l'AFP a consultée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin demande aux préfets "une attention particulière concernant les mouvements de contestations et de revendications susceptibles de faire émerger des actions à forte visibilité médiatique".
Le fiasco en 2008 du passage de la flamme olympique à Paris avant les Jeux de Pékin, interrompu avant son terme après des incidents avec des manifestants pro-Tibet, est encore dans les mémoires.
Pour ne pas revoir ces images, le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) a indiqué fin mai qu'il y aurait "une bulle itinérante" autour de la flamme assurée par les moyens de l'Etat (gendarmerie, police), à laquelle s'ajouteront sur chaque territoire des forces de sécurité locales supplémentaires.
"C’est un dispositif mobile. Ça veut dire qu’on ne sécurise pas tout mais seulement au fur et à mesure que ça avance. Un peu comme lors du Tour de France", décrypte un haut-gradé du ministère de l'Intérieur.
Quelles unités constitueront cette bulle ? Combien de policiers et gendarmes seront déployés autour du porteur ? Avec quels équipements (motos, rollers, vélos, etc.) ? "C'est trop tôt pour le dire. Il reste encore beaucoup d'arbitrages à faire", glisse-t-on place Beauvau.
- "Eteignons-là!" -
"Il y aura sans doute un +effectif-socle+, renforcé par des forces mobiles aux moments symboliques, comme le départ et l'arrivée, ou les passages sur des sites emblématiques, comme le Mont-Saint-Michel, et un dispositif de lutte antidrones", anticipe le haut-gradé.
A Paris, à la "bulle" s'ajoutera le "tube", explique un cadre de la préfecture de police: "On va sûrement sécuriser comme pour une remontée des Champs-Élysées du 11-Novembre ou la descente du bus des Bleus en 2018 (après la victoire à la Coupe du monde de football, NDLR), avec du barriérage et des effectifs jalonnés sur tout le parcours", développe-t-il.
Les menaces commencent à être identifiées et listées par les services de renseignement qui font remonter leurs informations au Centre de renseignement olympique (CRO), un outil spécialement créé pour les Jeux.
"Le risque traditionnel, c'est l'acte terroriste", rappelle une source sécuritaire. Puis tout ce qui relève de l'ordre public, avec "les contestataires de la réforme des retraites" réunis sur les réseaux sociaux derrière le hashtag #PasderetraitpasdeJO, et les activistes environnementaux comme ceux de Dernière Rénovation et Extinction Rébellion.
"Il y aura peut-être des militants qui vont tenter de ralentir ou de bloquer le parcours, mais le dispositif sécuritaire a anticipé de tels scénarios", assure une source proche des instances olympiques.
Avec le lancement en juin de la campagne de recrutement des porteurs du flambeau, plane aussi le risque d'une infiltration de faux candidats qui se feraient porter pâle le jour J ou, pire, viendraient perturber le bon déroulé du relais.
Des "criblages" (enquêtes administratives de sécurité) sont prévus pour les personnes participant à l'organisation du relais "selon des modalités qui restent à définir", confie-t-on place Beauvau.
"A l’heure actuelle, on ne sait pas si on fera quelque chose pour les JO. C’est une échéance qui est lointaine", tempère ainsi auprès de l'AFP Nicolas Turcev, de Dernière Rénovation. "Les JO, on en parle, mais la flamme n’est pas le sujet principal", abonde un membre d'Extinction Rébellion.
D'autres se sont déjà emparés du sujet. Le collectif Saccage2024 appelle à un rassemblement vendredi matin place de la Sorbonne, à Paris - où sera dévoilé le tracé de la flamme olympique. Mot d'ordre: "Eteignons-là!"
L.Bufalini--PV