Pallade Veneta - Une piscine britannique se chauffe à l'ordinateur

Une piscine britannique se chauffe à l'ordinateur


Une piscine britannique se chauffe à l'ordinateur
Une piscine britannique se chauffe à l'ordinateur / Photo: Adrian DENNIS - AFP

Quand la chaleur des ordinateurs profite aux baigneurs : dans un centre de loisirs d'Exmouth, dans le sud-ouest de l'Angleterre, la piscine se chauffe grâce à un petit centre de données, une innovation qui réduit sa facture d'énergie.

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Une installation récupère la chaleur générée par une rangée d'ordinateurs, et permet de chauffer l'eau à la température de 29°C 65% du temps, réduisant ainsi le recours aux chaudières à gaz.

Deep Green, l'entreprise britannique qui mène le projet, ne fait pas payer pour la chaleur et couvre ses propres frais d'électricité, mais facture ses clients pour l'utilisation de ses ordinateurs, qui servent dans des domaines comme l'apprentissage automatique ou l'intelligence artificielle.

"C'est une relation de symbiose", souligne le PDG de l'entreprise, Mark Bjornsgaard. "Nos ordinateurs sont refroidis gratuitement, la piscine nous rend service autant que nous lui rendons service en lui donnant cette chaleur", explique-t-il à l'AFP au centre de loisirs d'Exmouth.

En soulevant le couvercle d'une boîte blanche de la taille d'un lave-vaisselle, il révèle des cartes informatiques qui baignent dans une huile minérale qui récupère la chaleur. L'huile vient ensuite chauffer l'eau grâce à un échangeur.

"Les centres de données classiques se contentent d'évacuer cette chaleur. Ils utilisent une quantité énorme d'eau pour dissiper la chaleur par évaporation", explique-t-il, précisant que 99% de cette chaleur se perd dans l'atmosphère.

Selon le chef d'entreprise, environ la moitié des coûts d'exploitation d'un centre de données est consacrée au refroidissement des ordinateurs.

"Nous n'avons pas ces coûts. Et d'un point de vue environnemental, c'est une très bonne chose", vante-t-il.

- "Importantes économies" -

Selon Peter Gilpin, PDG de l'exploitant du centre de loisirs, LED Community Leisure, le déploiement de cette technologie est arrivé à point nommé après l'invasion russe en Ukraine l'année dernière, qui a entraîné une flambé des prix de l'énergie.

Ces dépenses représentent habituellement, dit-il, environ un tiers des coûts totaux d'exploitation du centre de loisirs.

La facture de gaz annuelle de la piscine avait plus que triplé pour atteindre près de 80.000 livres sterling (93.000 euros) avant l'installation du centre de données en mars.

"On a été durement frappés par cette hausse du prix du gaz pendant l'hiver, mais on espère que l'hiver prochain, une très large part de nos coûts de chauffage passe par l'utilisation de cette technologie", a déclaré Peter Gilpin.

S'il est encore trop tôt pour juger des résultats sur une longue période, il observe "déjà une réduction de (leur) consommation de gaz" et "d'importantes économies" même dans le contexte de la réduction des prix de l'énergie ces derniers mois.

"Non seulement cela réduit nos dépenses en énergies et notre consommation de gaz, ce qui était la vertu première, mais nous réduisons notre empreinte carbone", souligne-t-il.

Les équipes du centre de loisir cherchent à présent à installer cette technologie dans deux autre piscines qu'ils exploitent.

Mais ils risquent d'avoir de la concurrence.

Selon le PDG de l'entreprise, "la demande a explosé", des milliers de sites potentiels veulent recourir à leur technologie dans toute l'Europe, en particulier des piscines et des installations de chauffage.

Dans le même temps, de plus en plus d'entreprises cherchent à utiliser les ordinateurs de Deep Green car ils sont "écologiques" et "bien moins chers" que leurs prestataires habituels, affirme M. Bjornsgaard. "Mais on a une utilité sociale, non ?"

Y.Destro--PV