Hauts-de-Seine: un conducteur mineur tué par la police après un refus d'obtempérer
Un automobiliste de 17 ans a été tué mardi matin à Nanterre par un policier qui a tiré avec son arme, après un refus d'obtempérer du mineur, dont la famille entend déposer plainte.
La victime, Naël M., est décédée peu de temps après avoir été atteinte, malgré l'intervention du Samu qui lui a prodigué un massage cardiaque sur place.
Les faits ont eu lieu vers 8h30 près de la station de RER Nanterre-Préfecture, aux abords de la place Nelson-Mandela, derrière le quartier d'affaires de la Défense.
Une vidéo de l'incident circulant sur Twitter mardi matin, authentifiée par l'AFP, montre deux policiers contrôler une voiture jaune passage François-Arago.
L'un d'entre eux, debout, accoudé sur le pare-brise, tient le conducteur en joue avec son pistolet. Quand le conducteur redémarre, le policier tire à bout portant depuis le côté du véhicule. La voiture a fini sa course quelques dizaines de mètres plus loin, encastrée dans un poteau.
Dans un premier temps, des sources policières ont affirmé que le véhicule avait foncé sur les forces de l'ordre.
Une enquête, confiée au commissariat de Nanterre et à la sûreté territoriale des Hauts-de-Seine, a été ouverte pour refus d'obtempérer et tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, a indiqué le parquet, contacté par l'AFP.
Une autre enquête, ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique, a été confiée à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), la police des polices.
- Deux plaintes -
"Nous déposerons ces prochains jours une plainte pour homicide volontaire contre le policier auteur du tir (...). La plainte visera également son collègue pour complicité d'homicide volontaire", a annoncé l'avocat de la famille, Me Yassine Bouzou, dans un communiqué.
"Une seconde plainte pour faux en écriture publique sera déposée à l'encontre des policiers qui ont affirmé que le jeune homme avait tenté de commettre un homicide sur leur personne en tentant de les percuter, ce qui est formellement démenti par le visionnage de la vidéo", a-t-il également écrit.
"Les policiers sont en ce moment auditionnés", a déclaré pour sa part le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors des questions des députés au gouvernement, en milieu d'après-midi.
Deux autres personnes se trouvaient dans le véhicule au moment des faits: un premier passager a pris la fuite, alors que le second, également mineur, a été arrêté et placé en garde à vue.
Selon les premiers éléments de l'enquête rapportés de source policière, le conducteur du véhicule, une Mercedes AMG qui avait été louée, avait commis plusieurs infractions au code de la route. A la vue de motards de police, il s'est d'abord arrêté, avant d'accélérer.
Un fonctionnaire lui a alors tiré dessus au niveau du thorax.
"Son décès a été constaté à 9h15 suite à au moins une blessure par arme à feu", a précisé le parquet de Nanterre.
- 13 décès en 2022 -
Une quarantaine de personnes se sont brièvement rassemblées en début d'après-midi près des lieux du drame, larmes aux yeux, pour partager leur "colère".
"C'est tellement triste, il était tellement jeune. Je l'ai vu naître", a soupiré Samia Bough, 62 ans, ancienne voisine de l'adolescent, venue déposer un bouquet de roses jaunes.
La victime était déjà connue de la justice, notamment pour refus d'obtempérer.
Le maire (DVG) de Nanterre, Patrick Jarry, s'est dit "choqué" par la vidéo du drame.
Selon une source policière, les policiers impliqués sont membres de la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière du 92.
A l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin a parlé d'"images extrêmement choquantes" en appelant à "respecter le deuil des familles et la présomption d'innocence des policiers".
Le policier auteur du tir, âgé de 38 ans, est "très choqué" par le drame, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez sur BFMTV.
"Un dispositif de sécurisation a été mis en place sur Nanterre et le restera le temps qu'il faudra", a-t-il ajouté.
En 2022, 13 décès ont été enregistrés après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers, un record. Cinq policiers ont été mis en examen dans ces dossiers, les autres ayant été libérés sans poursuite à ce stade.
Autorités et syndicats de police attribuent le record de décès en 2022 à des comportements au volant plus dangereux, mais des chercheurs incriminent une loi de 2017 modifiant l'usage de leur arme par les policiers.
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A.Rispoli--PV