La France sous le choc après l'attaque du domicile d'un maire lors d'une 5e nuit de violences
Le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a subi une attaque à la voiture-bélier incendiaire, obligeant sa famille à fuir, ce qui suscitait dimanche la condamnation unanime de la classe politique, après une cinquième nuit d'émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué à 17 ans par un policier.
Une enquête pour "tentative d'assassinat" a été ouverte par le parquet de Créteil après les faits de L'Haÿ-les-Roses, d'une "gravité extrême" selon le procureur.
Vers 1H30 du matin, un véhicule enflammé a pénétré dans l'enceinte de la maison du maire Vincent Jeanbrun (LR), qui se trouvait alors à l'Hôtel de ville pour gérer une nouvelle nuit d'émeutes dans sa commune de plus de 30.000 habitants, au sud de Paris.
"Les premières constatations nous laissent présumer que le véhicule a été lancé pour brûler le pavillon", a précisé le procureur Stéphane Hardouin, en précisant qu'un accélérant avait été découvert "dans une bouteille de coca".
Dans sa fuite avec ses deux enfants âgés de 5 et 7 ans, l'épouse s'est "blessée au tibia", qui "serait cassé", selon le procureur.
"Cette nuit, un cap a été franchi dans l'horreur et l'ignominie", a déclaré le maire dans un communiqué.
La Première ministre Elisabeth Borne a condamné des "faits intolérables" et apporté "tout son soutien au maire et à ses proches".
"Mon soutien à Vincent Jeanbrun et à sa famille, victime d'une lâche et terrible agression, est total", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Ailleurs, cette cinquième nuit de violences urbaines a été dans l'ensemble de moindre intensité que la précédente.
- 719 interpellations -
Selon le ministère de l'Intérieur, 719 personnes ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche dont 315 à Paris et en proche banlieue, en baisse par rapport à samedi. 55 personnes ont été interpellées à Marseille, 34 dans l'agglomération lyonnaise dont 30 à Lyon, a-t-on précisé de même source.
A ce stade, 45 policiers et gendarmes ont été blessés, 577 véhicules et 74 bâtiments ont été incendiés et 871 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique, a ajouté le ministère. Dix commissariats, 10 casernes de gendarmerie et 6 postes de police municipale ont également été pris pour cible.
"Nuit plus calme grâce à l'action résolue des forces de l'ordre", s'était réjoui Gérald Darmanin sur Twitter vers 3H00 du matin.
Marseille et l'ensemble de l'agglomération lyonnaise sont les deux villes les plus touchées par les violences, comme la veille, a indiqué à l'AFP une source policière.
Outre l'attaque de L'Haÿ-les-Roses, le véhicule de fonction du maire de La Riche, près de Tours en Indre-et-Loire, a subi un début d'incendie, a-t-on indiqué de même source.
- dégâts matériels -
Après les nombreux pillages commis en France la nuit précédente, un important dispositif avait été déployé à Paris le long des Champs-Elysées. Tout au long de l'avenue, des petits groupes de jeunes vêtus de noirs ont déambulé sous les yeux de CRS devant les commerces, dont les devantures étaient protégées de planches de bois.
Les derniers groupes ont été évacués avant 02H00.
Peu d'incidents sérieux ont été rapportés en banlieue parisienne, point de départ des émeutes. Des policiers ont été toutefois la cible de tirs de mortiers d'artifice à Vigneux (Essonne).
Dans les Yvelines, un local associatif a été incendié à Mantes-la-Jolie et un autre à Limay, a-on appris de source policière.
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort de Nahel lors d'un contrôle routier à Nanterre ont choqué jusqu'au sommet de l'Etat, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.
Plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, ont mis à jour leurs conseils aux voyageurs en leur recommandant de ne pas se rendre dans les zones concernées par les violences.
- 700 pillages -
Samedi, Nahel a été inhumé en fin d'après-midi au cimetière du Mont-Valérien à Nanterre en présence de sa mère, de sa grand-mère et de plusieurs centaines de personnes lors d'une cérémonie "très calme, dans le recueillement et sans débordement", a rapporté un témoin à l'AFP.
Les scènes de destruction et de pillages de commerces qui secouent de nombreuses villes de France ont suscité la stupeur et la colère de leurs habitants.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a recensé samedi plus de 700 pillages en quatre nuits de troubles: 200 enseignes de la grande distribution attaqués et pillés - dont 15 incendiés -, 250 débits de tabac mais aussi 250 agences bancaires, des magasins de toutes tailles, des établissements de restauration rapide.
Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre la police ou l'Etat ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Le policier de 38 ans auteur du coup de feu qui a tué Nahel est mis en examen pour homicide volontaire et incarcéré.
bur-mby-tll-hdu/bfa/pta
M.Romero--PV