Pallade Veneta - Le dirigeant de Hong Kong promet "la peur" à des militants pro-démocratie recherchés

Le dirigeant de Hong Kong promet "la peur" à des militants pro-démocratie recherchés


Le dirigeant de Hong Kong promet "la peur" à des militants pro-démocratie recherchés
Le dirigeant de Hong Kong promet "la peur" à des militants pro-démocratie recherchés / Photo: Peter PARKS - AFP/Archives

Le dirigeant de Hong Kong John Lee a appelé mardi à se rendre ou "vivre dans la peur" huit militants pro-démocratie exilés et recherchés par la police, la Chine fustigeant de son côté la protection du Royaume-Uni à des "fugitifs".

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Les relations entre Hong Kong, territoire rétrocédé à la Chine en 1997, et l'ancienne puissance coloniale britannique sont tendues, depuis la promulgation en 2020 d'une loi sur la sécurité nationale dans le sillage de manifestations pro-démocratie.

La police a promis un million de dollars hongkongais de récompense (117.000 euros) pour des informations qui permettraient l'arrestation de huit militants pro-démocratie.

Ils sont accusés de collusion avec des forces étrangères pour mettre en danger la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à vie.

"Le seul moyen de mettre fin à leur destin de fugitifs, qui seront pourchassés toute leur vie, est de se rendre", a déclaré mardi le dirigeant de Hong Kong.

Dans le cas contraire, ils vivront "dans la peur", a-t-il assuré devant des journalistes.

M. Lee a aussi appelé la population à aider la police, ajoutant que même les "parents et amis" des militants pouvaient fournir des informations.

Cette mesure a été dénoncée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, des pays où résident certains des militants recherchés.

- "Réduire au silence" -

"Je n'ai pas peur des pressions politiques qui s'exercent sur nous, parce que nous faisons ce que nous pensons être juste", a insisté le dirigeant de Hong Kong.

Parmi les personnes visées se trouvent Nathan Law, l'une des figures du mouvement pro-démocratie, qui a fui Hong Kong pour le Royaume-Uni où il a obtenu l'asile politique.

"Nous ne tolérerons pas les tentatives de la Chine d'intimider et réduire au silence des individus au Royaume-Uni et à l'étranger", a déclaré lundi dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.

"Le Royaume-Uni défendra toujours le droit universel à la liberté d'expression et se dressera pour ceux qui sont visés", a ajouté le ministre.

La Chine a fustigé mardi ces propos.

"Des hommes politiques britanniques offrent ouvertement leur protection à des fugitifs", a condamné un porte-parole de l'ambassade de Chine au Royaume-Uni, condamnant "une ingérence" de Londres dans les affaires intérieures chinoises.

Les Etats-Unis se sont également élevés contre le système de récompense promis par les autorités hongkongaises.

"L'application extra-territoriale de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin pose un précédent dangereux qui menace les droits humains et les libertés fondamentales des citoyens à travers le monde", a mis en garde lundi dans un communiqué le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller.

- "Ridicule" -

Depuis l'imposition par Pékin de la loi sur la sécurité nationale, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont suspendu leur accord d'extradition avec Hong Kong.

Figure éminente du mouvement pro-démocratie, Nathan Law a appelé les Hongkongais à ne pas coopérer avec la police. "Je ne suis qu'un Hongkongais qui s'exprime au nom des Hongkongais", a-t-il souligné sur Twitter.

Un autre accusé, Ted Hui Chi-fung, ancien avocat à Hong Kong désormais en exil en Australie, a qualifié de "ridicule" ce système de récompenses.

Cette promesse de récompense par les autorités hongkongaises survient après le 26e anniversaire de la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine, le 1er juillet 1997.

Depuis l'imposition par le pouvoir central à Pékin d'une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, 260 personnes ont été arrêtées et plus de 160 autres ainsi que cinq entreprises ont été inculpées.

Cette législation remet en question l'indépendance judiciaire dont l'ex-colonie britannique était censée bénéficier durant 50 ans en vertu du principe "un pays deux systèmes", qui confère un certain degré d'autonomie à Hong Kong.

C.Grillo--PV