La sécheresse ne recule pas en France, vigilance pour juillet
Pour le troisième mois consécutif, environ deux tiers des nappes phréatiques françaises restent sous les normales saisonnières, alimentant la sécheresse et menaçant les approvisionnements en eau. Une situation qui ne devrait pas s'améliorer alors que la chaleur estivale s'installe sur le pays.
"Depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées. (...) Nous restons avec 68% des nappes qui sont sous les normales de saison" avec 20% où elles sont "très basses", a annoncé mardi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur France Inter et lors d'une conférence de presse.
Il y a un mois, on était à 66%, contre 68% il y a deux mois.
Cette relative stabilité, au sortir d'un hiver alarmant car très faible en précipitations, est due aux pluies du printemps: si elles sont arrivées trop tard pour véritablement recharger les nappes, la végétation absorbant la majorité de l'eau depuis avril, et que la plupart d'entre elles sont tombées sur des sols trop secs pour réellement s'infiltrer, elles ont sur certaines zones évité que la situation ne s'aggrave.
On est donc globalement sur une situation un peu moins alarmante que l'an dernier: c'est "un peu mieux" sur certains endroits comme la Bretagne, mais aussi "un peu pire" sur d'autres comme le couloir rhodanien, une large partie du pourtour méditerranéen, le bassin parisien ou la plaine d'Alsace, a expliqué le ministre.
- Canicule et orages -
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des nappes phréatiques, doit publier mercredi après-midi les chiffres complets.
L'an dernier, c'est en partie le manque de précipitations - 88% de déficit hydrique - qui avait plongé l'Hexagone dans un "été hors normes", avec 700 communes privées d'eau potable.
Si on a cette année "un mois de juillet comparable, on ira vers des jours qui seront compliqués" sur le plan de l'eau, a averti Christophe Béchu, ajoutant qu'"on ne peut pas exclure de nouvelles difficultés" d'alimentation en eau cet été pour certaines communes.
Or depuis quelques jours, le mercure ne cesse de grimper: mardi neuf départements sont en vigilance orange pour la canicule après un mois de juin qui a été le deuxième le plus chaud jamais enregistré dans le pays.
Des températures élevées favorisent l'évaporation de l'eau et tendent à faire augmenter les prélèvements dans les nappes, détériorant leur état.
Des orages sont également attendus sur 17 départements, mais ces pluies sont en général peu voire pas du tout efficaces pour recharger les eaux souterraines.
- Vigieau -
Cette sécheresse ne concerne pas que la France: près de la moitié de l'Europe et du pourtour méditerranéen (49,2%) connaissaient déjà cette situation pour la période du 11 au 20 juin, selon l'European Drought Observatory (EDO). C'est un peu mieux que l'an dernier à la même époque (52,4%).
En France, selon les données du site Propluvia analysées par l'AFP mardi, 26,4% du territoire français, contre environ 35% à la même époque de 2022, est sous arrêté de restriction d'eau (18,1% en alerte, 6,3% en alerte renforcée et 2% en crise où l'eau est réservée uniquement aux usages prioritaires).
Mardi, le gouvernement a annoncé le lancement d'une nouvelle plateforme d'information à destination des Français, "Vigieau". Elle doit permettre de retrouver les restrictions en cours à une adresse donnée, ces informations étant jusqu'à présent communiquées dans des arrêtés des préfectures.
Une application ridiculisée par plusieurs responsables politiques d'opposition. "Les conflits d’usage d’eau sont aigus. La situation requiert des changements structurels profonds: agriculture, industrie…Et le gouvernement stigmatise les particuliers et leur propose une appli", a tweeté Sophie Bussiere, porte-parole d’EELV
"La culture du maïs consomme un litre d'eau sur cinq dans le pays. Le ministre a-t-il prévu un grand plan Sorgho, depuis les sécheresses de l'été dernier? Non, mais il a une "appli" pour expliquer les restrictions aux Français. Vive la start-up nation!" a commenté François Ruffin, député LFI.
T.Galgano--PV