A Lisbonne pour les JMJ, le pape rencontre des victimes de pédocriminalité dans l'Eglise
Arrivé mercredi à Lisbonne pour participer aux Journées mondiales de la jeunesse, le pape a rencontré des victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé portugais, six mois après la publication d'un rapport accablant pour l’Eglise du pays ibérique.
"Le pape François a reçu à la nonciature un groupe de 13 personnes, victimes d’abus de la part de membres du clergé", a annoncé le Vatican dans la soirée.
"La rencontre s'est tenue dans une ambiance d'écoute intense et a duré plus d'une heure", a précisé le Saint Siège dans un bref communiqué.
Un peu plus tôt, au premier jour d'un déplacement de cinq jours au Portugal, le souverain pontife avait évoqué devant sa hiérarchie ecclésiastique "la déception et la colère que certains ressentent à l'égard de l'Eglise, parfois à cause de notre mauvais témoignage et des scandales qui en ont défiguré le visage".
Selon lui, ces scandales "appellent à une purification humble et constante, en partant du cri de douleur des victimes, toujours à accueillir et à écouter".
Dans un rapport remis en février, une commission d'experts indépendants mandatée par les évêques portugais avait établi qu'au moins 4.815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles dans un contexte religieux depuis 1950, des actes dissimulés par la hiérarchie catholique de façon "systémique".
"Cette rencontre du Saint Père représente la confirmation de la voie de la réconciliation que l'Eglise au Portugal est en train de parcourir à ce sujet", a réagi mercredi la Conférence épiscopale de ce pays où 80% des 10 millions d'habitants se définissent comme catholiques.
- "Bâtir des ponts" pour la paix en Ukraine -
Dans un premier discours aux responsables politiques et aux diplomates en poste au Portugal, le pape avait appelé l'Europe à "bâtir des ponts" pour la paix en Ukraine.
"En regardant avec affection l'Europe et l’esprit de dialogue qui la caractérise, on pourrait lui demander : vers où navigues-tu, si tu ne proposes pas d'itinéraires de paix, de voies créatives pour mettre fin à la guerre en Ukraine (...) ?", a lancé Jorge Bergoglio.
"Nous naviguons sur l’océan de l'histoire en des temps tumultueux et nous ressentons le manque de courageux itinéraires de paix", a regretté le pape, qui ne cesse d'appeler à faire taire les armes en Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
Le jésuite argentin de 86 ans a été accueilli avec les honneurs militaires dans la capitale portugaise, où sont attendus un million de jeunes pèlerins à l'occasion de ce rassemblement international majeur au sein d'une Église catholique en pleine réflexion sur son avenir.
- "Dans le bon sens" -
Ce coup d'envoi a rassemblé une foule de 200.000 pèlerins, selon la police portugaise. D'après les estimations des autorités locales, ils pourraient être 750.000 pour la cérémonie d'accueil du pape qui aura lieu jeudi soir sur le même site.
Quelque 16.000 membres des forces de l'ordre et des services médicaux sont déployés pour l'occasion et plusieurs routes et stations de métro sont fermées, un défi pour Lisbonne, une cité de 550.000 habitants qui accueille déjà de nombreux touristes en cette période estivale.
Avec 11 discours et une vingtaine de rendez-vous, le programme de ce 42e voyage à l'étranger est chargé pour l'évêque de Rome, deux mois après une lourde opération de l'abdomen.
A moins de deux mois de l'ouverture d'un rassemblement mondial à Rome destiné à se pencher sur l'avenir de l’Église, cet évènement fait aussi office de baromètre sur la position des jeunes catholiques vis-à-vis de l'accueil des LGBT+, du mariage des prêtres ou de la place des femmes. Autant de sujets sur lesquels François a progressivement esquissé des réformes en 10 ans de pontificat.
Le pape a d'ailleurs confié aux journalistes vouloir continuer à encourager la jeunesse catholique à "mettre la pagaille", une référence à son expression employée aux JMJ de Rio en 2013 pour inciter les jeunes à s'engager dans l’Eglise.
"Le pape est quelqu'un de spécial car il est en train de changer la doctrine de l'église dans le bon sens", a commenté Maria Alvarez, une Espagnole de 45 ans.
B.Cretella--PV