Biden attendu à Hawaï par une population endeuillée et amère
Joe Biden devra déployer lundi toute l'empathie dont il est capable lors de son déplacement sur l'île de Maui à Hawaï, endeuillée par des incendies catastrophiques et où règne une certaine amertume face à la gestion du drame par les autorités.
Le président américain s'est envolé du Nevada, où il passe des vacances, en compagnie de son épouse Jill Biden.
Il arrivera dans une île qui pleure au moins 114 morts, et où les opérations de recherches continuent, près de deux semaines après les incendies.
"Il n'est pas évident que Biden reçoive un accueil chaleureux chez certains groupes à Maui", a prévenu le Star Advertiser, un journal d'Honolulu.
Le démocrate de 80 ans, qui a fait de la compassion son grand marqueur politique, au point d'être décrit comme le "consolateur en chef" de l'Amérique, se voit reprocher par ses adversaires républicains de ne pas s'être suffisamment exprimé publiquement sur la catastrophe.
- "Pas de commentaire" -
La droite a en particulier largement partagé sur les réseaux sociaux des images datant d'une semaine. Joe Biden, décontracté, revenant de la plage, est interrogé par une journaliste sur le bilan de plus en plus lourd des incendies. "Pas de commentaire", lance-t-il seulement avant de monter en voiture.
Le président américain a depuis multiplié les communiqués et les promesses d'aide.
Lundi, il doit aller à la rencontre des familles, des secouristes et des responsables locaux de l'archipel situé dans le Pacifique. Il survolera en hélicoptère les régions dévastées et nommera un coordinateur fédéral pour les efforts de reconstruction.
Joe Biden va pouvoir "sentir la désolation", a déclaré dimanche sur CNN Deanne Criswell, patronne de l'agence fédérale américaine de gestion des catastrophes (Fema).
Un millier de personnes n'ont pas encore été localisées, dont une partie pourraient venir alourdir le bilan des victimes décédées.
Le président avait déclaré l'état de catastrophe naturelle à Hawaï le 10 août, deux jours après le début des incendies, permettant de déployer les moyens d'aide d'urgence de l'Etat fédéral.
- Image présidentielle -
Les critiques portent aussi sur la réponse des autorités locales.
La visite présidentielle se déroulera quelques jours seulement après la démission du chef de l'agence de gestion des crises de Maui, accusé de ne pas avoir fait retentir les sirènes d'alarme lors de l'incendie meurtrier ayant ravagé la ville de Lahaina (12.000 habitants), sur la côte ouest de l'île.
Pris de court, certains habitants s'étaient jetés à la mer pour échapper aux flammes.
"Est-ce que j'aurais aimé que les sirènes retentissent? Bien sûr", a déclaré dimanche le gouverneur Josh Green, tout en expliquant qu'elles n'étaient "historiquement" pas utilisées pour des feux, mais pour les tsunamis et les ouragans.
Face au sentiment d'abandon qui gronde, Joe Biden ne doit pas répéter les erreurs de ses prédécesseurs. Si ces visites auprès de la population sont un passage obligé après une catastrophe, elles peuvent se révéler néfastes pour l'image présidentielle.
Une photo du président George W. Bush survolant la Louisiane sans s'y poser après l'ouragan Katrina en 2005 était devenue le symbole d'une administration déconnectée.
Donald Trump avait, lui, été filmé en train de lancer nonchalamment des rouleaux de papier essuie-tout lors d'une visite à Porto Rico après un ouragan en 2017.
L'incendie de Hawaï est déjà le plus meurtrier depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis. Et le bilan définitif pourrait être bien plus lourd.
Environ 85% de la zone touchée a été couverte par "une armée" de secouristes et chiens renifleurs, à la recherche de corps dans les décombres, a déclaré dimanche Josh Green.
Peu de corps ont pu être identifiés jusqu'à présent.
A.Tucciarone--PV