Biden arrive à Hawaï auprès d'une population endeuillée et amère
Joe Biden, endossant le rôle de "consolateur en chef" dont il est coutumier, est arrivé lundi sur l'île de Maui à Hawaï, endeuillée par des incendies catastrophiques et où règne une certaine amertume face à la gestion du drame par les autorités.
Le président américain, interrompant ses vacances au Nevada (ouest), a atterri un peu après 11h00 locale (21h00 GMT) à Maui, île de l’archipel du Pacifique, en compagnie de son épouse Jill Biden.
Après un survol en hélicoptère des zones dévastées, il doit rencontrer des familles, des secouristes et des responsables locaux.
Les habitants de Maui pleurent au moins 114 morts, et le bilan pourrait encore s'alourdir au fur et à mesure que les difficiles opérations de recherche se poursuivent, près de deux semaines après les incendies.
"Cela va être une journée chargée d'émotion", a déclaré une porte-parole de la Maison Blanche, Olivia Dalton, interrogée sur l'accueil que trouvera le démocrate de 80 ans auprès des familles et des équipes de secours qu'il a prévu de rencontrer.
"Il n'est pas évident que Biden reçoive un accueil chaleureux chez certains groupes à Maui", a prévenu le Star Advertiser, un journal d'Honolulu.
"Le président a été présent dès le premier jour, pour piloter une réponse qui implique tout le gouvernement fédéral", a ajouté Olivia Dalton, en réponse à certaines critiques venues de l'opposition républicaine.
Joe Biden, qui a fait de la compassion son grand marqueur politique, au point d'être décrit comme le "consolateur en chef" de l'Amérique, se voit reprocher de ne pas s'être suffisamment exprimé publiquement sur la catastrophe.
- "Pas de commentaire" -
La droite a en particulier largement partagé sur les réseaux sociaux des images datant d'une semaine. Joe Biden, décontracté, revenant de la plage, est interrogé par une journaliste sur le bilan de plus en plus lourd des incendies. "Pas de commentaire", lance-t-il seulement avant de monter en voiture.
Le président américain a depuis multiplié les communiqués et les promesses d'aide.
La Maison Blanche souligne aussi avec insistance qu'il lui a fallu à peine une heure pour déclarer, le 10 août, un état de catastrophe naturelle majeure à Hawaï, à la demande des autorités locales.
Le démocrate va par ailleurs nommer un coordinateur fédéral pour les travaux de reconstruction, qui s'annoncent titanesques.
Un millier de personnes n'ont pas encore été localisées, dont une partie pourraient venir alourdir le bilan des victimes décédées.
- Image présidentielle -
Les critiques portent aussi sur la réponse des autorités locales.
La visite présidentielle se déroulera quelques jours seulement après la démission du chef de l'agence de gestion des crises de Maui, accusé de ne pas avoir fait retentir les sirènes d'alarme lors de l'incendie meurtrier ayant ravagé la ville de Lahaina (12.000 habitants), sur la côte ouest de l'île.
Pris de court, certains habitants s'étaient jetés à la mer pour échapper aux flammes.
"Est-ce que j'aurais aimé que les sirènes retentissent? Bien sûr", a déclaré dimanche le gouverneur Josh Green, tout en expliquant qu'elles n'étaient "historiquement" pas utilisées pour des feux, mais pour les tsunamis et les ouragans.
Face au sentiment d'abandon qui gronde, Joe Biden ne doit pas répéter les erreurs de ses prédécesseurs. Si ces visites auprès de la population sont un passage obligé après une catastrophe, elles peuvent se révéler néfastes pour l'image présidentielle.
Une photo du président George W. Bush survolant la Louisiane sans s'y poser après l'ouragan Katrina en 2005 était devenue le symbole d'une administration déconnectée.
Donald Trump avait, lui, été filmé en train de lancer nonchalamment des rouleaux de papier essuie-tout lors d'une visite à Porto Rico après un ouragan en 2017.
L'incendie de Hawaï est déjà le plus meurtrier depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis. Et le bilan définitif pourrait être bien plus lourd.
Environ 85% de la zone touchée a été couverte par "une armée" de secouristes et chiens renifleurs, à la recherche de corps dans les décombres, a déclaré dimanche Josh Green.
J.Lubrano--PV