Le Chili, toujours divisé, commémore les 50 ans du coup d'Etat militaire du général Pinochet
Le Chili commémore lundi le 50e anniversaire du coup d'Etat militaire d'Augusto Pinochet qui fut suivi d'une longue et sanglante dictature, un événement qui continue de diviser les Chiliens.
Le 11 septembre 1973, le général Pinochet prit le pouvoir au Chili avec le soutien tacite des Etats-Unis, renversant le président socialiste Salvador Allende, qui se suicida dans le palais présidentiel.
Sans avoir jamais mis les pieds dans une prison et encore moins dans un tribunal, Augusto Pinochet est mort d'une crise cardiaque en 2006 à l'âge de 91 ans.
Un demi-siècle après ce coup d'État, le Chili reste cependant divisé entre les défenseurs et les détracteurs de la dictature.
Une marche dans la capitale en mémoire des victimes a été entachée dimanche de heurts. Des manifestants cagoulés ont jeté des pierres sur le palais présidentiel et endommagé l'accès à un centre culturel situé dans le bâtiment.
Des heurts ont également eu lieu à d'autres endroits le long du défilé, tandis que à l'intérieur du cimetière qui abrite un mémorial dédié aux victimes, certains mausolées ont été endommagés.
Six policiers ont été blessés et onze personnes arrêtées, selon le gouvernement. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau.
La plupart des manifestants ont cependant défilé dans le calme avec des drapeaux chiliens et scandant des slogans tels que "Vérité et justice maintenant!" ou "Allende est vivant".
"L'irrationalité de s'attaquer à ce pour quoi Allende et tant d'autres démocrates se sont battus est ignoble", a réagi le président de gauche Gabriel Boric sur son compte X (ex-Twitter), condamnant catégoriquement les violences.
- "Guérir les blessures" -
Les héritiers politiques du président Allende gouvernent aujourd'hui, mais le Parti républicain,ultraconservateur et ouvertement nostalgique de Pinochet, est arrivé en tête en mai de l'élection du Conseil chargé de rédiger une nouvelle Constitution, censée amender celle rédigée sous la dictature.
Selon une récente enquête réalisée par l'institut Activa Research, 40% des Chiliens estiment qu'Allende est responsable d'avoir conduit le Chili vers le coup d'Etat, tandis que 50% abhorrent le régime imposé par le général.
Par ailleurs, dans un pays où 79% des 20 millions d'habitants sont nés après 1973 et où la principale préoccupation reste l'économie et l'insécurité, les commémorations du 50e anniversaire du coup d'Etat ne suscitent pas un grand intérêt.
Selon une enquête de l'institut Criteria, 49% des personnes interrogées estiment que "la commémoration du coup d'État n'est pas pertinente pour des gens comme eux", contre 41% qui pensent que "c'est nécessaire pour guérir les blessures".
L'ancienne présidente Michelle Bachelet (2006-2010 et 2014-2018) a appelé lundi sur une radio locale à faire preuve de plus de clairvoyance. "En tant que pays, nous devons continuer à réfléchir et à tirer les leçons du passé", a-t-elle déclaré.
Une série d’événements pour commémorer l'anniversaire sont prévus dans la capitale, où le président chilien Gabriel Boric recevra notamment des dirigeants sud-américains dont les présidents du Mexique, de la Colombie, de Bolivie et de l'Uruguay.
Présent dès dimanche à Santiago, le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a dénoncé le coup d'Etat au terme d'une rencontre avec son homologue chilien au palais présidentiel.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a de son côté estimé dimanche que le coup d'Etat avait "marqué des générations de Chiliens et de Chiliennes", en tant que "rupture institutionnelle".
"En ce jour anniversaire, célébrons l'engagement du Chili en faveur de la démocratie et des droits de l'homme et réaffirmons notre volonté de construire un monde plus juste, plus uni et plus pacifique", a-t-il ajouté dans un communiqué.
L.Guglielmino--PV