Punaises de lit: le gouvernement tente de contenir l'émoi général
"Il n'y a pas de recrudescence": le gouvernement tente de rassurer face à l'angoisse suscitée par des signalements de punaises de lit, rapportés frénétiquement jusque dans les médias étrangers qui rappellent que Paris accueillera les Jeux olympiques l'an prochain.
Les insectes suceurs de sang sont habitués des chambres mais les usagers des métros et des trains les craignent aussi, bien que RATP et SNCF assurent n'en avoir pas trouvés récemment, après des signalements. Pour convaincre le grand public, le ministre délégué aux Transports leur a demandé d'être transparent.
"J'ai demandé à l'ensemble des opérateurs de publier les données sur les cas signalés, les cas avérés" et "les actions" mises en œuvre, a déclaré le ministre, Clément Beaune, lors d'un point presse mercredi après avoir réuni des entreprises de transport (dont l'aérien), martelant qu'il n'y avait "pas de recrudescence" de la présence de punaises de lit dans les transports publics.
Il y a une "préoccupation réelle", a insisté M. Beaune, mettant toutefois en garde contre "les fake news".
Le gouvernement a programmé une réunion interministérielle sur le sujet vendredi, qui débouchera sur "des décisions et des orientations", a assuré mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, soucieux de "répondre à l'angoisse légitime des Français".
En cette rentrée, les punaises de lit semblent s'être immiscées dans les moindres recoins du quotidien des Français. Dans les discussions en terrasse comme dans le métro parisien, où plus personne ne s'étonne de voir ses voisins inspecter leur siège avant de s'asseoir.
Malgré la mise au point, certains spectateurs évoquent depuis sur les réseaux sociaux leur crainte de retourner dans les salles obscures...
- Inquiétude générale -
Disparus de la vie quotidienne dans les années 1950, ces insectes qui se nourrissent de sang humain ont fait leur grand retour depuis une trentaine d'années dans les pays développés à la faveur d'un mode de vie plus nomade, de consommations favorisant l'achat de seconde main et d'une résistance croissante aux insecticides.
Rien n'indique une brusque invasion, mais la tendance de long terme est réelle. Les chiffres dévoilés en juillet par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) indiquent qu'en France, plus d'un foyer sur dix a été touché par les punaises de lit ces cinq dernières années.
"J'en ai eu de 2018 jusqu'en 2020", confie à Paris l'une de ces Françaises, Myriam Dufrasne, conseillère indépendante en immobilier. "Plusieurs fois, j'ai été obligée de jeter la literie, les vêtements, à les laver à plus de 60 degrés, ça veut dire les vêtements de mes enfants plus mes vêtements dans les laveries..."
La faculté de droit d’Aix-en-Provence a, elle, décidé mercredi de ne pas organiser de cours jusqu'à vendredi dans deux amphithéâtres, fréquentés par quelques 3.000 étudiants, "par précaution", après que des étudiants ont affirmé avoir vu des punaises de lit.
Avant cela, au moins deux établissements scolaires infectés dans le sud du pays ont dû fermer temporairement. Dans le nord, un service d'urgence hospitalier a dû être délocalisé une journée après la découverte de foyers de punaises de lit.
- "Zéro cas avéré" -
Si ces nuisibles suscitent une telle inquiétude, "c'est parce que le problème concerne tout le monde, quel que soit l'âge ou le statut social, les riches comme les pauvres", estime Pascal Delaunay, parasitologue et entomologiste médical au CHU de Nice (sud-est). "Certes la punaise de lit n'est pas vecteur de maladies, mais c'est épuisant physiquement et nerveusement".
Quant à sa prolifération en France, "c'est une réalité devenue difficile à nier. Depuis cinq à sept ans, on assiste à une augmentation exponentielle des foyers d'infestation", poursuit le spécialiste.
Mais le ministre chargé des Transports insiste: "Il n'y a pas de recrudescence des cas, pas de psychose, pas d'angoisse à avoir".
"Ces dernières semaines, une dizaine de cas ont été signalés à la RATP (...) tous ont été vérifiés" et il y avait "zéro cas avéré". A la SNCF, il y a eu "37 cas" signalés "ces dernières semaines" et, là aussi, "tous vérifiés, zéro avéré", a-t-il ajouté.
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A.Saggese--PV