Coup d'envoi par les anciens du JDD d'une association pour "l'indépendance des médias"
"Poursuivre et transformer le combat collectif": les anciens du JDD, qui ont quitté le journal en raison de son virage à droite, lancent lundi une association pour "la liberté, le pluralisme et l'indépendance des médias", lors d'une soirée à Paris.
Au Théâtre du Châtelet, ils organisent une "nuit de l'indépendance pour une presse libre", qui se veut "un événement festif et combatif", avec la participation de musiciens, humoristes, comédiens ainsi que des politiques, d'après le programme.
Le prix des places s'échelonne de cinq à 50 euros, selon le choix d'un tarif "citoyen", "soutien" à l'association ou encore "bienfaiteur".
Le Journal du Dimanche a été secoué par une grève historique de la rédaction, pendant 40 jours, contre la nomination à sa tête fin juin de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, marqué à l'extrême droite.
Nombre d'observateurs voient dans son arrivée la main de Vincent Bolloré, milliardaire aux opinions réputées ultra-conservatrices. Vivendi, groupe de M. Bolloré détenant Canal+ et ses chaînes (dont CNews et C8), est en effet en train d'absorber Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d'Europe 1.
Quelque 90% de la rédaction du JDD, qui comptait une centaine de personnes, ont quitté ou sont en passe de quitter le titre, selon le collectif des anciens.
Avec la nouvelle association, il s'agit de "continuer à porter nos valeurs" et d'"aller vers le grand public", indique un porte-parole.
Un travail est aussi engagé avec des parlementaires, qui ont proposé de conditionner les aides publiques aux médias à des mécanismes d'indépendance éditoriale. Un débat se tiendra à ce sujet lundi avec trois députés, dont deux de la majorité présidentielle.
Les Etats généraux de l'information, promesse de campagne électorale d'Emmanuel Macron, en 2022, viennent par ailleurs d'être mis sur les rails.
Prévus jusqu'à l'été 2024, ils doivent aboutir à des propositions de modifications législatives ainsi qu'à des recommandations aux acteurs du secteur sur des sujets aussi divers que la fiabilité de l'information, l'indépendance des journalistes et la protection des sources. Les Français sont appelés à y contribuer.
Après la crise au JDD, l'hebdomadaire est reparu début août et a adopté une ligne très engagée à droite. Un nouveau journal dominical, La Tribune Dimanche, est paru en fin de semaine dernière et fait figure de concurrent direct, avec également Le Parisien/Aujourd'hui en France.
B.Fortunato--PV