Accusé d'avoir tenu des propos racistes, Bernard Casoni dans la tourmente
A la tête de l'équipe de football d'Orléans depuis juin, l'ex-international français Bernard Casoni est dans la tourmente après des accusations de propos racistes: visé par une enquête préliminaire, il a été suspendu mardi par son club.
L'affaire a éclaté avec la diffusion lundi par France Bleu Orléans d'une déclaration de l'entraîneur de National (3e division) affirmant que ses joueurs "ne sont pas plus cons que des Maghrébins".
"Je l'ai fait dans tous les clubs où je suis passé, je l'ai fait avec des Maghrébins! Ils ne sont pas plus cons que des Maghrébins hein... Je veux dire, voilà, c'est le rôle d'un entraîneur", disait-il lors d'une conférence de presse datant du 21 septembre, veille d'un match contre Châteauroux, dans laquelle il s'était épanché sur l'adhésion de son effectif à son plan de jeu.
France Bleu Orléans, citant plusieurs joueurs et des membres du club, précise que Bernard Casoni, 62 ans, a tenu d'autres propos de même nature à plusieurs reprises.
- Casoni suspendu, enquête ouverte -
Dans la soirée, le club du Loiret annonçait l'ouverture d'une enquête interne. Mardi, c'est le parquet d'Orléans qui lançait une enquête préliminaire pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale et pour injures publiques à caractère raciste, entraînant dans la foulée la suspension du coach.
"L'US Orléans a pris la décision de suspendre M. Bernard Casoni de sa fonction d'entraîneur de l'équipe professionnelle pendant la durée de l'enquête interne", a annoncé le club dans un communiqué.
Contacté par l'AFP mardi en début d'après midi, Bernard Casoni n'a pas souhaité réagir.
Contrairement aux habitudes de veille de match, les joueurs se sont de leur côté entraînés à huis clos mardi matin, a indiqué l'USO sur son site internet.
Orléans, qui occupe la 17e et avant-dernière place du National, se déplacera mercredi à Cholet pour le compte de la 10e journée du championnat. "L'équipe professionnelle sera encadrée et dirigée par ses adjoints", a précisé le club.
Formé à Cannes, passé par Toulon et le Matra Racing de Paris, Bernard Casoni a terminé sa carrière de défenseur central à l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie, où il a évolué de 1990 à 1996, y disputant plus de 200 matches avec à la clef deux titres de champion de France (1991, 1992) et une Ligue des champions (1993).
Comptant 30 sélections en équipe de France entre 1998 et 1992, il s'est ensuite reconverti comme entraîneur. Après un bref passage à l'OM, il a notamment fait monter coup sur coup Evian Thonon Gaillard de National en Ligue 2, puis de Ligue 2 en Ligue 1 entre 2010 et 2012, avant de diriger Lorient ou Valenciennes.
Il a également multiplié les expériences dans des clubs étrangers, dont plusieurs au Maghreb ou au Qatar, avant de prendre la tête de l'équipe de l'US Orléans en juin.
- Les précédents Blanc, Sagnol... -
Avant Bernard Casoni, d'autres entraîneurs du monde du football français ont fait les gros titres pour des accusations de propos racistes.
Christophe Galtier, ancien entraîneur du Paris Saint-Germain, sera ainsi jugé en décembre des chefs d'accusation de harcèlement moral et de propos discriminatoires lorsqu'il entraînait Nice. Des propos rapportés par le journaliste indépendant Romain Molina et par la radio RMC, que l'entraîneur conteste, lui attribuaient la volonté de limiter le nombre de joueurs noirs et musulmans dans son équipe.
L'ancien international Willy Sagnol avait lui déclenché la polémique en 2014 pour ses déclarations sur les joueurs africain, alors qu'il entraînait les Girondins de Bordeaux.
"L'avantage du joueur typique africain, c'est qu'il n'est pas cher quand on le prend, il est prêt au combat généralement, il est puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n'est pas que ça. C'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline", avait-il déclaré au journal Sud-Ouest.
Avant lui, c'est un autre ex-international français, Laurent Blanc, alors sélectionneur de l'équipe de France, qui avait tenu des propos similaires, révélés en 2011 par Mediapart.
"En France, on a l'impression qu'on forme le même prototype de joueurs : grands, costauds, puissants. (...) Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel", déclarait le sélectionneur, qui s'était ensuite excusé.
B.Cretella--PV