Attentat d'Arras: hommages à Dominique Bernard, le gouvernement affiche sa "fermeté"
Arras se prépare dimanche à rendre un hommage à Dominique Bernard, le professeur de français poignardé à mort vendredi par un ancien élève radicalisé, un attentat après lequel le gouvernement s'est efforcé d'afficher sa "fermeté" face au "terrorisme islamiste".
Rendez-vous a été donné à 11H00 sur la place centrale de la ville, non loin de la cité scolaire Gambetta, théâtre de l'attaque, survenue dans un contexte marqué par les craintes d'importation en France du conflit au Proche-Orient.
L'attentat, commis par un assaillant fiché S de nationalité russe, et qui a également fait trois blessés, a été qualifié par le président Macron de "terrorisme islamiste".
Des élèves, des parents et des habitants ont déjà rendu hommage samedi à Dominique Bernard en se recueillant devant le lycée, parfois pour déposer un bouquet de fleurs.
"C'est mieux de laisser le lycée ouvert, que tout le monde puisse venir, parler, pour faire son deuil", a estimé Camille, 17 ans, témoin de l'attaque.
- "Barbarie" -
D'autres se sont présentés à la mairie de Berneville (Pas-de-Calais), où il habitait, pour signer un livre d'or en mémoire de ce professeur agrégé de lettres modernes de 57 ans, père de trois filles et marié à une enseignante.
"Pour que la barbarie ne passe pas. Parce que l'école est le dernier rempart contre l'intégrisme", pouvait-on lire dans ce livre.
"J'ai signé par respect pour sa mémoire", a expliqué une habitante, Claudine Jude, 79 ans.
Une minute de silence sera respectée lundi à 14H00 dans les établissements scolaires de France en hommage aux victimes d'attentats contre l'école, a annoncé samedi le ministre de l'Education, Gabriel Attal.
"Je veux le dire à tous les enseignants: nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité", a lancé la Première ministre Elisabeth Borne.
"Rien dans les éléments qu'on avait pu obtenir ne permettait de prédire que cet individu, qui était surveillé, pouvait passer à l'acte", a-t-elle affirmé dans une interview à La Tribune Dimanche.
La France est depuis vendredi en alerte "urgence attentat", niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate. Jusqu'à 7.000 soldats seront déployés d'ici lundi sur le territoire.
"Une atmosphère de jihadisme, de passage à l'acte est évidente depuis samedi dernier", date de l'attaque d'Israël par le Hamas, a affirmé samedi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, présentant sa "ligne de fermeté": l'"expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement".
- "Faille des services" -
La crainte d'un nouvel attentat a entraîné samedi l'évacuation du musée du Louvre, puis du château de Versailles, mais il n'y avait finalement "pas de menace réelle", selon Gérald Darmanin.
Depuis son arrestation, l'assaillant, Mohammed Mogouchkov, qui aurait crié +Allah Akbar+ selon plusieurs témoins, "ne s'est pas expliqué", a indiqué à l'AFP une source policière.
Cet ancien élève de l'établissement, âgé de 20 ans, était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en raison, selon le ministre, des liens avec son père, lui aussi fiché S et expulsé en 2018, et son frère, emprisonné pour sa participation à un projet d'attentat visant l'Elysée.
Il avait été interpellé jeudi par la DGSI "pour vérifier s'il n'avait pas d'arme" et contrôler son téléphone, a précisé M. Darmanin, excluant une "faille des services de renseignements".
Arrivé en France en 2008 selon une source policière, il est né d'après l'administration française dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie, mais ne pouvait légalement pas être expulsé, étant entré sur le territoire avant l'âge de 13 ans, a souligné samedi le ministre.
Depuis l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 (12 victimes) une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.
D.Bruno--PV