Arras: journée d'hommages, Macron veut un "Etat impitoyable" contre les porteurs de "haine"
Trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, la France encore sous le choc de l'attaque islamiste d'Arras, rend hommage lundi au professeur tué, Dominique Bernard, sur fond d'offensive sécuritaire portée par l'exécutif visant les porteurs de "haine".
Après le meurtre vendredi de ce professeur de français, poignardé à mort devant son établissement d'Arras (Pas-de-Calais) par un ancien élève fiché pour sa radicalisation, les enseignants pourront se retrouver de 8H00 à 10H00 dans leurs collèges et lycées pour un temps d'échange, "à la fois humain et pédagogique". Les collégiens et les lycéens ne commenceront leurs cours qu'à 10H00.
Une minute de silence sera organisée dans toutes les classes à 14h00 "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école", selon Gabriel Attal. Invité dimanche soir du JT de TF1, le ministre de l'Education nationale a précisé qu'il ne "tolérerai(t) aucune contestation, aucune provocation" lors de l'hommage, promettant "des sanctions disciplinaires et une saisine systématique du procureur de la République pour engager des poursuites".
Emmanuel Macron a pour sa part promis que l'école restera un "rempart contre l’obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent", dans un message sur X (ex-twitter) adressé aux "professeurs, chefs d’établissements, personnels de l’Education nationale et des collectivités territoriales" et aux "élèves de France".
La journée sera aussi dédiée à la mémoire du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020.
L'exécutif affiche sa détermination contre les porteurs de "haine". Le chef de l'Etat a ainsi demandé à ses ministres d'incarner un "Etat impitoyable envers tous ceux qui portent la haine et des idéologies terroristes", selon l'Elysée.
Il veut également que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d'être expulsées de France pour s'assurer qu'il n'y ait pas eu "d'oubli" dans l'examen des procédures.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a aussi été invité à étudier une "approche spécialisée pour les jeunes hommes originaires du Caucase sur la tranche 16-25 ans", selon un conseiller de l'Elysée.
L'assaillant d'Arras, fiché S (pour "sûreté de l'Etat"), qui a blessé trois autres personnes, était né en Russie et originaire de la république fédérale d'Ingouchie. Le meurtrier de Samuel Paty, lui aussi radicalisé et qui a été abattu par la police, était un citoyen russe d'origine tchétchène.
- Pas de cours à Arras -
De nombreuses communes vont aussi organiser des rassemblements, à l'instar de la ville de Paris, qui rendra hommage à Dominique Bernard à 12H00, invitant les Parisiens à se retrouver devant les mairies d’arrondissement.
A Arras, plusieurs milliers de personnes ont déjà honoré dimanche le professeur de français, non loin de la cité scolaire Gambetta où a eu lieu le drame.
Dans ce collège-lycée, une cellule de soutien médico-psychologique sera en place lundi, mais les élèves n'auront pas cours. Ils devraient reprendre mardi matin, selon plusieurs enseignants.
Trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, qui avait suscité une émotion considérable dans tout le pays, l'attentat au couteau d'Arras, a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants, dont certains appréhendent le retour en classe.
- "Anxiogène" -
"C’est le contexte violent qui m’inquiète, pour mes élèves de 6e", explique Marie Travert, professeure de mathématiques d’un collège de Betton, près de Rennes, évoquant, outre l'attaque d'Arras, la situation en Israël.
"On doit en plus faire cette semaine des exercices attentat-intrusion dans le collège, et reparler de ce qui s’est passé avec Samuel Paty. C’est assez anxiogène", ajoute-t-elle.
Le gouvernement a renforcé la sécurité autour de tous les établissements scolaires.
Gabriel Attal réunira prochainement "l’ensemble des collectivités locales" pour discuter de la sécurité "sans tabou", estimant qu'"il faut aller plus loin".
La France a été placée vendredi en alerte "urgence attentat", avec 7.000 soldats déployés sur le territoire.
Depuis son arrestation, l'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, qui aurait crié "Allah Akbar" selon des témoins, "ne s'est pas exprimé", selon une source policière. Huit autres personnes étaient encore en garde à vue dimanche.
Gabriel Attal a précisé que "cet élève, et même la fratrie, avaient fait l’objet depuis plusieurs années de signalements de la part des enseignants".
R.Zaccone--PV