Retrouvailles au tribunal pour Trump et Michael Cohen, son ancien "pitbull" désormais ennemi
Il fut l'avocat personnel de Donald Trump, se vantait d'être son "pitbull", avant de devenir son ennemi juré: Michael Cohen et l'ancien président américain se retrouvent mardi à New York au procès civil qui menace l'empire immobilier du milliardaire républicain.
Longtemps au coeur de la garde rapprochée de l'ancien président des Etats-Unis, condamné à trois ans de prison fin 2018 dans une affaire de paiements pour protéger la réputation de son ex-patron, Michael Cohen, 57 ans, est appelé à la barre des témoins au quinzième jour de ce procès civil.
"C'est un menteur. Il essaie d'arranger ses affaires, mais ça ne va pas marcher", a attaqué Donald Trump à son arrivée au tribunal de Manhattan, une référence à la condamnation de Michael Cohen, pour mensonge, devant le Congrès américain, dans le cadre de l'enquête sur une ingérence russe durant la présidentielle de 2016.
"Ma crédibilité ne devrait pas être en question", a répondu l'ancien avocat de Donald Trump aux médias américains, en se rendant au tribunal.
Depuis qu'il a été rattrapé par la justice, Michael Cohen a coopéré avec les autorités dans plusieurs dossiers et son témoignage est très attendu au procès civil où le milliardaire républicain de 77 ans est accusé avec deux de ses enfants, Eric et Donald Jr, et deux dirigeants de la Trump Organization, d'avoir surévalué de plusieurs milliards de dollars ses golfs, résidences et gratte-ciel new-yorkais dans les années 2010 pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques.
Les deux hommes se vouent désormais une haine tenace. Dans un post sur X (ex-Twitter), Michael Cohen a publié un dessin qui le représente derrière le favori des sondages aux primaires républicaines, avec un décor de barreaux de prison et cette phrase à l'intention de son ancien patron: "On va vous ramener en cellule".
- Crédibilité -
Michael Cohen est à l'origine du procès civil en cours. Lors d'une audition spectaculaire et au vitriol au Congrès américain en février 2019, il avait affirmé que Donald Trump "gonflait son patrimoine quand cela servait ses intérêts", notamment pour grimper dans la liste des plus grandes fortunes du magazine Forbes.
La procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, avait ouvert une enquête, et, au bout de trois ans d'investigation, intenté un procès en réclamant notamment 250 millions de dollars de réparations financières.
Durant l'enquête, Michael Cohen a témoigné sur son rôle, en confiant qu'il avait revu à la hausse les valeurs de certains actifs immobiliers avec l'ancien directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg, à la demande de Donald Trump.
Mais la défense compte appuyer sur le manque de crédibilité de ce témoin à la réputation sulfureuse, en faisant valoir ses condamnations en justice.
- Amende -
L'ancien avocat, qui se décrit comme un repenti, est aussi l'un des principaux témoins à charge dans l'un des quatre futurs procès pénaux de Donald Trump, à New York en mars 2024, sur des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes lors de la présidentielle de 2016.
Il avait lui-même réglé le versement de 130.000 dollars à une star du X, l'actrice Stormy Daniels, pour qu'elle taise une présumée relation avec Donald Trump. Michael Cohen a déjà été condamné dans cette affaire et assure avoir agi sur ordre de son ancien patron.
S'il ne peut pas être condamné à de la prison, Donald Trump joue quand même gros lors du procès civil à New York.
Avant même l'ouverture des débats, le juge Arthur Engoron a décidé que des fraudes répétées étaient établies et que les actifs de Donald Trump avaient été surévalués entre 812 millions et 2,2 milliards de dollars par an entre 2014 et 2021. Il a en conséquence pris des mesures de confiscation et de liquidation de sociétés qui pourraient aboutir au démantèlement de l'empire immobilier Trump. L'application de ces mesures a été suspendue en appel.
L'ancien président a assisté aux débats pendant plusieurs jours, et n'a cessé d'attaquer de manière virulente Letitia James, une élue démocrate et afro-américaine qu'il qualifie de "raciste" et "corrompue", et son juge, Arthur Engoron, qu'il a traité de "voyou".
Le magistrat lui a imposé vendredi 5.000 dollars d'amende pour une publication insultante à l'égard de sa greffière, en menaçant l'ancien président de le mettre en prison s'il recommençait.
R.Zaccone--PV