La capitale ukrainienne visée par la plus vaste attaque de drones russes
La capitale ukrainienne, Kiev, a été visée dans la nuit par la plus vaste attaque de drones russes depuis le début de l'invasion du pays en février 2022, privant d'électricité des dizaines d'immeubles d'habitation et d'autres bâtiments.
Ce bombardement intervient le jour la commémoration en Ukraine de l'Holodomor, la grande famine des 1930, à l'époque soviétique, un "génocide" orchestré selon Kiev par Joseph Staline et qui a provoqué la mort de millions d'Ukrainiens.
Samedi matin, l'armée de l'air ukrainienne a affirmé avoir abattu 71 drones d'attaque Shahed de fabrication iranienne lancés dans la nuit par la Russie. "La plupart d'entre eux ont été détruits dans la région de Kiev", a-t-elle indiqué.
Cinq personnes, dont un enfant de 11 ans, ont été blessées au cours de cette frappe, ont indiqué les autorités locales de Kiev, assurant qu'il s'agissait de l'attaque "la plus massive depuis le début de l'invasion" de l'Ukraine.
L'alerte aérienne dans la capitale a duré six heures et la chute de débris de drones a provoqué des incendies et endommagé des bâtiments, a ajouté le maire de Kiev, Vitali Klitschko. "L'ennemi continue à semer la terreur", a-t-il déploré.
L'attaque a également provoqué des coupures de courant à grande échelle dans la capitale après la rupture d'"une ligne d'alimentation électrique", selon le ministère ukrainien de l'Energie, alors que les températures sont tombées en dessous de zéro.
"En conséquence, 77 immeubles résidentiels et 120 bâtiments dans la partie centrale de la ville sont privés d'électricité", a détaillé le ministère, assurant que des travaux de réparation étaient en cours.
Tout en assurant que Kiev était la "cible principale" de l'attaque, l'armée ukrainienne a affirmé être également intervenue dans le sud du pays et qu'un missile russe avait été détruit au-dessus de la région de Dnipropetrovsk (centre). Des coupures de courant affectent également cette région, selon les autorités.
A l'approche de l'hiver, Kiev se prépare à une nouvelle campagne de bombardements russes massifs ciblant ses infrastructures énergétiques et redoute une situation similaire à celle de l'hiver 2022 quand des millions de personnes avaient été privées de courant en pleine vague de froid.
Sur le front, après 21 mois de guerre, les combats se concentrent dans l'Est et le Sud et désormais autour de la place-forte d'Avdiïvka, que les forces de Moscou tentent d'encercler.
- Choix "symbolique" -
Selon les autorités ukrainiennes, Moscou a fait le choix "symbolique" de lancer cette vaste frappe samedi, au moment où l'Ukraine commémore l'Holodomor, la famine qui a décimé les campagnes ukrainiennes il y a 90 ans.
"Plus de 70 (drones) Shahed pendant la nuit de la commémoration de l'Holodomor (...). Les dirigeants russes sont fiers de leur capacité à tuer", a d'abord réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Dans un communiqué, le chef de l'Etat a ensuite jugé "impossible d'oublier, de comprendre et surtout de pardonner les horribles crimes de génocide que les Ukrainiens ont endurés au XXe siècle" lors de l'Holodomor.
"Ils ont essayé de nous soumettre, de nous tuer, de nous exterminer", a-t-il également déclaré. "Ils ont échoué".
M. Zelensky a également remercié les pays qui ont officiellement reconnu cette famine comme un "crime délibéré" de génocide.
Mi-octobre, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait qualifié cette famine de génocide, suivant les pas du Parlement européen un an plus tôt.
L'Ukraine avait perdu quatre à huit millions d'habitants dans la grande famine de 1932-1933, sur fond de collectivisation des terres, orchestrée selon des historiens par Staline pour réprimer toute velléité nationaliste et indépendantiste de ce pays, alors république soviétique.
La Russie refuse pour sa part catégoriquement la classification de génocide, invoquant le fait que la grande famine des années 1930 n'avait pas seulement fait des victimes ukrainiennes, mais aussi russes, kazakhes et parmi d'autres peuples.
"Au siècle dernier, la famine est venue de Moscou. Maintenant, nous entendons des mots de dénégation venir de là-bas. Et chacun de ces mots de déni sonne comme une confession", a déclaré le président ukrainien.
D.Vanacore--PV