"Je n'ai pas tué Narumi", soutient Nicolas Zepeda devant la cour d'assises
"Je n'ai pas tué Narumi" Kurosaki: au premier jour de son procès en appel, lundi à Vesoul, où il doit répondre d'assassinat, le Chilien Nicolas Zepeda a contesté toute implication dans la disparition en 2016 de son ex-petite amie japonaise.
"Je conteste avec toutes mes forces les faits qui me sont reprochés", a déclaré l'accusé, en français, pour sa première prise de parole devant la cour d'assises de Haute-Saône. "Ca a été un vrai cauchemar. Sept années sont passées (depuis la disparition), je porte Narumi dans mes pensées. Je pense à l’énorme chagrin dans sa famille, que j’ai tout le temps avec moi. Je n’ai pas tué Narumi", a-t-il soutenu, visiblement ému, devant une salle comble, dans laquelle ont notamment pris place la mère et les deux soeurs de la victime.
Elle a déploré "la temporalité" de ce procès en appel, qui s'ouvre sept ans jour pour jour après le 4 décembre 2016, dernier jour où Narumi Kurosaki a été vue en public, ce qui a sur ses proches un impact émotionnel "extrême".
Le père de l'accusé, Humberto Zepeda, a lui exprimé le désir de voir son fils innocenté à l'issue de ce "nouveau procès". "Personne ne peut affirmer aujourd'hui avec certitude que Narumi est morte. Scientifiquement, c'est impossible", a-t-il souligné avant l'audience.
"Nous sommes au XXIe siècle. Un pays aussi développé que la France ne peut pas condamner une personne à 28 ans (de réclusion) sur une hypothèse", a-t-il ajouté, en référence au verdict prononcé en première instance par la cour d'assises de Besançon, en avril 2022.
- Arrivé sans prévenir -
"C'est un procès difficile qui nous attend, impossible diraient certains, mais nous sommes prêts à tout mettre en oeuvre pour que ce second procès soit différent de celui de première instance", a déclaré Renaud Portejoie, un des avocats du Chilien.
L'avocat général, Etienne Manteaux, qui portera l'accusation au cours des trois semaines d'audience, a de son côté exprimé sa "détermination".
En séjour universitaire en France, l'étudiante japonaise de 21 ans avait retrouvé le 4 décembre 2016 Nicolas Zepeda, arrivé sans prévenir après avoir traversé l'Atlantique, plusieurs semaines après leur rupture.
Les anciens amants étaient rentrés ensemble dans la chambre louée par Narumi Kurosaki dans une résidence universitaire à Besançon, après avoir dîné au restaurant. La nuit même, des "cris de terreur" avaient réveillé bon nombre d'étudiants, mais aucun n'avait appelé la police.
Et dans les jours suivants, des messages avaient été envoyés depuis l'adresse email et le compte Facebook de Narumi Kurosaki. Rien ne prouve cependant que la jeune femme était toujours en vie: Nicolas Zepeda connaissait les identifiants de Narumi, et les enquêteurs estiment qu'il a sciemment diffusé ces messages pour couvrir sa fuite, le temps de reprendre l'avion vers l'Amérique du Sud.
- Nouvelle expertise psychiatrique -
Une fois au Chili, il s'était d'ailleurs réjoui auprès de son cousin que son pays n'avait "aucun accord d'extradition avec la France". Il a fallu toute la ténacité de la juge d'instruction et du procureur, qui se sont rendus en personne à Santiago, pour finalement obtenir son extradition.
Conscient qu'en première instance chaque partie avait campé sur ses positions, Renaud Portejoie espère que ce second procès permettra "de changer la donne", et compte bien apporter "une autre lecture du dossier". A cette fin, il a fait réaliser une nouvelle expertise psychiatrique et pourrait s'appuyer sur de nouveaux témoins à l'audience.
Surtout, Nicolas Zepeda lui-même aborde différemment ce nouveau rendez-vous aux assises: il n'est plus détenu à l'isolement, et a appris le français en prison: "ça va changer les échanges, mécaniquement. Le déroulé du procès va être différent, et sans doute que la perception qu'on aura de Nicolas Zepeda sera différente", estime Sylvain Cormier, l'autre avocat en défense.
C.Grillo--PV