A Hong Kong, participation historiquement basse aux élections locales sans opposition
Le taux de participation dimanche aux élections locales à Hong Kong, réservées aux candidats dits "patriotes" et dont l'opposition a été exclue après une campagne de répression, s'est élevé à 27,54%, soit le plus faible jamais enregistré.
Selon les chiffres définitifs publiés lundi sur le site internet du gouvernement, seuls 1,2 million d'électeurs sur les 4,3 millions d'inscrits se sont rendus aux urnes.
Auparavant, le taux de participation le plus faible jamais enregistré depuis la rétrocession de la ville à la Chine, avait été de 35,82% en 1999.
Une demi-douzaine de personnes ont été arrêtées en marge du vote, qui, fait rare, a été prolongé d'une heure trente. Le président de la Commission des affaires électorales, David Lo, a évoqué une défaillance du système numérique utilisé pour confirmer l'éligibilité des électeurs et émettre les bulletins, en niant que le faible taux de participation ait motivé cette prolongation.
Les autorités ont tenté de galvaniser l'électorat et recouvert d'affiches la métropole du sud de la Chine pour encourager ses habitants à se rendre aux urnes afin d'élire les conseillers des 18 districts de la ville
La précédente élection s'était tenue au plus fort des immenses manifestations parfois violentes de 2019. Le taux de participation record de 71% avait conduit à une victoire écrasante du camp pro-démocratie.
"Ce sont les patriotes qui doivent diriger Hong Kong, c'est notre principe", a déclaré M. Lee, un ingénieur civil venu tôt participer au scrutin, "le vote ne sera pas affecté juste parce que quelques (candidats) ne peuvent pas en faire partie".
Les autorités en charge de la supervision de Hong Kong à Pékin ont félicité lundi la ville pour avoir organisé des élections qui ont "élevé l'esprit et consolidé le consensus", ajoutant que le vote avait "insufflé une forte dynamique" pour le développement de la ville.
- "Dernière pièce du puzzle" -
Selon de nouvelles règles annoncées en mai, le nombre de sièges concernés par le scrutin direct a été réduit de 462 à 88.
Les 382 autres sièges sont contrôlés par le dirigeant de la région administrative spéciale chinoise, des personnes loyales au gouvernement et des propriétaires immobiliers.
Les candidats ont été tenus de solliciter des nominations auprès de trois comités nommés par le gouvernement, excluant de fait tous les partis pro-démocratie.
Selon le chef de l'exécutif de Hong Kong, John Lee, cette élection compose "la dernière pièce du puzzle pour la mise en œuvre du principe des patriotes au pouvoir à Hong Kong", faisant référence à une doctrine imposée par Pékin, depuis les manifestations de 2019, visant à éliminer de la fonction publique toute voix discordante.
"A partir de maintenant, les conseils de district ne seront plus ce qu'ils étaient autrefois, c'est-à-dire des plateformes visant à détruire et rejeter l'administration du gouvernement, à promouvoir l'indépendance de Hong Kong et mettre en danger la sécurité nationale", a fait valoir John Lee après avoir voté dimanche.
Les conseillers des 18 districts de Hong Kong s'occupent principalement des questions d'ordre local, comme l'assainissement, les transports ou l'adéquation des équipements publics.
- "Extrêmement humiliant" -
John Burns, professeur à l'Université de Hong Kong, a estimé lundi que ce taux de participation semblait "révéler le scepticisme généralisé des citoyens" quant à la capacité des conseils de district à refléter leurs opinions.
"La population a tourné le dos aux scrutins, disant que +les scrutins n'ont pas grand-chose à voir avec nous+", a déclaré M. Burns à l'AFP, ajoutant que les résultats démontraient aussi la "faible capacité de mobilisation" du gouvernement local.
Selon Kenneth Chan, politologue à l'Université baptiste de Hong Kong, ce faible taux de participation est "extrêmement humiliant" pour les autorités.
Plus de 12.000 policiers avaient été déployés pour empêcher toute perturbation, selon les médias locaux. Six personnes ont été arrêtées dimanche, dont trois de la Ligue des sociaux-démocrates, l'un des derniers groupes d'opposition qui comptait manifester contre le scrutin.
L'agence anti-corruption de Hong Kong a déclaré que le trio était soupçonné d'avoir "incité les autres à ne pas voter".
Lundi, le militant vétéran Koo Sze-yiu, 77 ans, s'est vu refuser la libération sous caution après avoir été accusé de "tentative ou préparation en vue de commettre un acte avec une intention séditieuse".
Les trois militants de la Ligue des sociaux-démocrates et M. Koo ont déclaré aux médias qu'ils prévoyaient d'organiser des manifestations, mais ils ont tous été arrêtés avant de pouvoir agir.
R.Zarlengo--PV