Pallade Veneta - Au milieu du gué, Zepeda de plus en plus en difficulté

Au milieu du gué, Zepeda de plus en plus en difficulté


Au milieu du gué, Zepeda de plus en plus en difficulté
Au milieu du gué, Zepeda de plus en plus en difficulté / Photo: Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

Rejugé en appel pour l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki, le Chilien Nicolas Zepeda apparaît de plus en plus en difficulté au mitan de son procès, malmené par l'accusation et même par sa défense qui l'exhorte "à tout dire".

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Mardi, avant le témoignage de la mère de l'étudiante japonaise qui s'annonce comme un moment fort, le petit ami de Narumi au moment de sa disparition est venu dire son deuil impossible.

Sept ans après la disparition de Narumi Kurosaki, dont le corps n'a jamais été retrouvé, Arthur Del Piccolo, 28 ans, a ainsi raconté son "deuil qui ne se terminera jamais vraiment" : "chaque année en décembre, je pense automatiquement à elle (...) Narumi et moi, on aurait pu aller bien ensemble."

"J'aimerais que justice soit faite", que "le coupable soit condamné", lance-t-il. Narumi a disparu il y a sept ans, "sept ans sans réponses concrètes", a poursuivi le jeune homme.

"Je pense que ces réponses, on ne peut les avoir que par une seule personne, s'il accepte de nous les donner", glisse-t-il à l'attention de l'accusé, mais sans le citer.

A quelques mètres de lui, le Chilien, qui avait été condamné en première instance à 28 ans de réclusion, l'écoute sans ciller.

Depuis l'ouverture il y a une semaine de son procès en appel à Vesoul, Nicolas Zepeda, qui a fêté lundi ses 33 ans, continue de nier toute implication dans l'assassinat de Narumi Kurosaki, brillante étudiante japonaise de 21 ans disparue le 5 décembre 2016 à Besançon.

Pour l'accusation, aucun doute : c'est Nicolas Zepeda qui l'a tuée parce qu'elle l'avait quitté quelques mois plus tôt.

- "Deux coupables potentiels" -

Pour ce second procès, Nicolas Zepeda doit impérativement apporter quelque chose de nouveau pour espérer convaincre les jurés.

De fait, ses nouveaux défenseurs, Renaud Portejoie et Sylvain Cormier, sont apparus combatifs, cherchant à pointer "les limites" d'un dossier pourtant compliqué pour leur client ou tentant d'ouvrir d'autres pistes.

Jeudi, Me Cormier a ainsi fixé l'attention sur Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi au moment de sa disparition et partie civile au procès. Celui-ci avait un temps été soupçonné par les enquêteurs avant d'être mis hors de cause.

Randall Schwerdorffer, avocat de M. Del Piccolo, redoute que son client ne soit au coeur de la "stratégie de défense" de l'accusé.

Puisque M. Zepeda plaide non-coupable, "il faut qu'il propose quelqu'un d'autre que lui à la cour d'assises. Et c'est très clair (...) il va proposer Arthur Del Piccolo comme coupable potentiel aussi. Pour dire +s'il y a deux coupables potentiels, on ne peut pas me condamner+", a-t-il estimé.

Dans le même temps, les avocats de Nicolas Zepeda n'hésitent pas non plus à bousculer leur client en le mettant face à ses contradictions ou en le confrontant directement à des éléments potentiellement gênants.

- Petite bombe -

Mercredi, Me Portejoie a ainsi obtenu de son client qu'il reconnaisse pour la première fois être venu de lui-même dans le bâtiment où vivait son ex-petite amie : jusque-là, M. Zepeda, qui a reconnu avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec Narumi, disait être tombé sur elle par hasard.

Le Chilien, qui s'exprime depuis le début du procès en appel dans un excellent français, n'ira pas plus loin, mais cette déclaration a fait l'effet d'une petite bombe.

"Mon rôle n'est pas forcément de vous ménager pour vous ménager mais aussi de vous éprouver", lui a lancé Me Portejoie lundi.

L'avocat assume de poser "toutes les questions, quelles qu'elles soient (...) Il faut se confronter à tous les éléments du dossier", qui est "dur", a-t-il ensuite expliqué aux journalistes.

Auparavant, son client avait été malmené par l'avocat général Etienne Manteaux qui l'avait longuement "cuisiné" sur les témoignages-clés de deux étudiantes japonaises, poussant le Chilien dans ses retranchements.

Elles ont soutenu que Nicolas Zepeda leur avait demandé des conseils pour des traductions de messages étrangement similaires à ceux envoyés après la disparition de Narumi aux proches de l'étudiante depuis son téléphone. Selon les enquêteurs, Zepeda les a usurpés pour brouiller les pistes et retarder les recherches.

Nicolas Zepeda encourt la perpétuité. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.

Z.Ottaviano--PV