Pendant des tractations pour une trêve, Israël poursuit ses bombardements à Gaza
L'armée israélienne a poursuivi ses bombardements jeudi sur la bande de Gaza, notamment sur Khan Younès et le point de passage de Kerem Shalom, au moment où tractations et négociations se poursuivent pour obtenir une trêve dans le conflit opposant Israël au Hamas.
Jeudi matin, selon des images de l'AFPTV, Khan Younès, la plus grande ville du sud du territoire assiégé depuis le 9 octobre, où l'armée israélienne avait déjà indiqué lundi intensifier ses opérations, était à nouveau la cible de bombardements, visibles aux panaches de fumée s'élevant au-dessus de ses toits.
Selon le gouvernement du Hamas, une frappe israélienne a également visé le point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza, tuant quatre personnes, dont le directeur de ce point de passage, Bassem Ghaben.
Israël a promis de détruire le Hamas, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, en représailles à l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste sur son sol, qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Environ 250 personnes avaient en outre été prises en otage, dont 129 sont toujours détenues à Gaza, selon Israël.
Le gouvernement du Hamas a de son côté annoncé mercredi que les opérations militaires israéliennes avaient fait 20.000 morts à Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes.
- "Informations inquiétantes" -
Sur le terrain, l'armée israélienne, qui a perdu 137 hommes depuis le début de ses opérations au sol le 27 octobre, a assuré jeudi que son aviation avait frappé 230 cibles dans Gaza au cours des dernières 24 heures dans le territoire palestinien assiégé depuis le 9 octobre.
Au sol, ses soldats ont découvert des armes dans une école de la ville de Gaza, a aussi assuré l'armée israélienne, qui accuse régulièrement le Hamas de se servir des civils comme de "boucliers humains" et de cacher ses combattants ou ses centres de commandement dans des écoles ou des hôpitaux, ce que le mouvement islamiste palestinien dément.
Mercredi, elle avait affirmé avoir découvert un réseau de tunnels utilisé par "des hauts dirigeants" du Hamas dans la ville de Gaza (nord) et situé "à proximité directe de magasins, de bâtiments gouvernementaux, de résidences et d'une école".
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a de son côté réclamé l'ouverture d'une enquête par Israël sur "la possible commission d'un crime de guerre" par ses forces armées à Gaza, disant avoir reçu des "informations inquiétantes" concernant la mort de "11 hommes palestiniens non armés" dans la ville de Gaza.
- "Ils doivent tous rentrer" -
Sur le plan diplomatique, des efforts se poursuivent sur plusieurs fronts pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve.
Une première pause d'une semaine fin novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement d'aide dans le territoire palestinien soumis à une crise humanitaire catastrophique.
Ofir Engel, 18 ans, lui-même un ancien otage libéré pendant cette trêve, est revenu mercredi pour une cérémonie avec des proches et des familles d'otages dans le kibboutz Beeri, lieu de son enlèvement lors des attaques du 7 octobre.
"L’un des moments les plus difficiles a été celui où les terroristes nous ont plongés dans l’obscurité totale, avec des bombes tombant sans cesse tout autour de nous", a-t-il déclaré. "J'étais là-bas et à chaque instant où les otages sont là-bas, ils sont en danger. (...) Ils doivent tous rentrer chez eux, maintenant."
Dans le cadre des tractations en cours, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh s'est rendu au Caire mercredi pour discuter d'une nouvelle "trêve provisoire d'une semaine en échange de la libération par le Hamas de 40 prisonniers israéliens, des femmes, des enfants et des hommes", a expliqué une source proche du mouvement à l'AFP.
Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique, un autre mouvement islamiste qui combat au côté du Hamas et détient des otages, ira également au Caire au début de la semaine prochaine, selon une source au sein du mouvement.
En parallèle, Israël entretient un dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis pour tenter de parvenir à une trêve permettant une libération d'otages.
Mais les positions des deux camps restent encore très éloignées: le Hamas exige un arrêt complet des combats comme préalable à toute négociation sur le sort des otages, et Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza.
- "Où sommes-nous en sécurité ?" -
D'âpres négociations doivent également se poursuivre jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU, qui reporte depuis le début de la semaine un vote sur une résolution destinée à accélérer l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, mais susceptible d'essuyer un nouveau veto américain si elle utilise des termes trop forts.
Les services des Nations unies continuent eux d'alerter sur la profonde crise humanitaire qui secoue Gaza. La moitié de la population y souffre de faim extrême ou sévère, et 90% est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière, selon l'Ocha.
La guerre a provoqué d'immenses destructions dans ce territoire, la plupart des hôpitaux sont hors service et 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, selon l'ONU, ont fui leur foyer.
"L'assaut des forces d'occupation israéliennes contre le système de santé de Gaza prend les formes les plus sadiques", a fustigé sur X Francesca Albanese, la rapporteuse des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés.
"Où sommes-nous en sécurité ? Où devrions-nous aller ?", s'est interrogé mercredi auprès de l'AFP un Palestinien qui a fui le nord de Gaza pour Rafah, après une frappe près de l'école où il est réfugié dans cette ville du sud. "Il n'y a pas d'autre endroit où aller, nous sommes piégés".
La situation à Gaza attise également les tensions dans la région, notamment en Cisjordanie, à la frontière libano-israélienne, ou en mer Rouge, où les rebelles yéménites Houthis menacent les navires qu'ils estiment liés à Israël.
Jeudi matin, l'Agence nationale d'information libanaise a déclaré qu'une octogénaire avait été tuée et son mari blessé dans un bombardement israélien sur un village frontalier du sud du Liban, d'où le Hezbollah, allié du Hamas, a lancé plusieurs attaques au cours de la nuit sur Israël.
O.Merendino--PV