"On n'est pas en Amérique!" : stupeur à Prague après la tuerie à l'université
"On n'est pas en Amérique, de telles choses n'arrivent pas en République tchèque !" : comme Richard Smaha, 17 ans, les habitants de Prague disent leur stupeur vendredi au lendemain du parcours mortel d'un étudiant armé qui a fait 14 morts à l'université de la capitale.
"Je suis venu pour dire combien je suis désolé pour le désastre qui s'est produit ici. C'est quelque chose d'inattendu, rien de tel n'est jamais survenu à Prague", ajoute cet élève d'un lycée voisin, allé se recueillir devant un mémorial improvisé à l'Université Charles.
"C'est bien sûr un choc", poursuit-il d'une voix rapide et hachée traduisant sa nervosité.
Des dizaines de personnes, en majorité des jeunes, étaient rassemblées par petits groupes, le visage grave, parfois en larmes, devant ce mémorial constitué de centaines de bougies et de fleurs, tandis que la neige et la pluie alternaient avec le soleil d'hiver dans le centre historique de la capitale tchèque.
Des policiers étaient vendredi toujours en faction devant l'Université Charles, dont les alentours étaient fermés par des rubans de signalisation.
"Je suis venu rendre hommage aux étudiants tués, aussi parce que cela aurait pu être chacun d'entre nous", lâche Antonin Volavka, un élève d'une université technique, après avoir allumé une bougie.
"Vraiment, cela aurait pu être moi", ajoute-t-il.
- "Atrocité absolue" -
Julie Grave, une lycéenne qui dit avoir envisagé d'étudier plus tard à l'Université Charles, raconte avoir été profondément atteinte par la tuerie.
"C'est d'une atrocité absolue et, en plus, juste avant Noël !", s'exclame-t-elle.
Les personnes plus âgées, comme Jana Mala, une fonctionnaire, se disent tout aussi choquées.
"C'est quelque chose qui ne s'est jamais produit ici et c'est une tragédie".
"Quand vous réalisez que vos enfants ont le même âge et que cela peut arriver à n'importe qui n'importe où, c'est terrible", ajoute cette femme.
Monia Camuglia, une enseignante italienne habitant Prague, présente avec sa fille, explique avoir eu très peur pour ses amis et ses collègues qui travaillent à l'université, avant d'apprendre qu'ils étaient sains et saufs. "J'étais au travail et j'ai entendu les sirènes de police, c'était incroyable, j'étais absolument choquée".
Jusqu'au chef de la police de Prague, Martin Vondrasek, qui s'est dit sous le choc après cette fusillade survenue dans un des pays les plus sûrs du monde selon les classements internationaux.
"Je sers depuis 31 ans et j'ai vu beaucoup de choses", a-t-il déclaré à la presse. "Mais ce que j'ai vu hier a été l'expérience la plus terrifiante de ma vie".
M.Jacobucci--PV