Baiser forcé: le procès se rapproche pour l'ex-patron du foot espagnol
La perspective d'un procès se rapproche pour Luis Rubiales: le juge chargé de l'enquête sur le scandale du baiser forcé à la joueuse Jenni Hermoso a demandé jeudi le renvoi en justice de l'ex-patron du football espagnol.
Cette décision peut toutefois encore faire l'objet d'un appel et ne garantit pas encore que Luis Rubiales comparaîsse devant un tribunal
Selon le magistrat qui a conclu son instruction, le baiser à la numéro 10 de l'équipe d'Espagne après sa victoire en Coupe du Monde, n'a "pas été consenti" et était "une initiative unilatérale, faite par surprise", souligne le tribunal de l'Audience nationale.
"Un baiser sur la bouche affecte la sphère de l'intimité relevant des relations sexuelles", ajoute-t-il dans un communiqué.
Ce juge - qui a inculpé Rubiales pour "agression sexuelle" et délit de "coercition" - ne précise pas dans son ordonnance les délits pour lesquels il doit être jugé car il reviendra au parquet de le faire avant l'ouverture d'un procès.
Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle. Selon le parquet, les peines encourues par Rubiales peuvent aller d'une amende à quatre ans de prison.
"La finalité érotique ou non, tout comme l'état d'euphorie et d'agitation ressenti à la suite du triomphe sportif extraordinaire sont des éléments dont la conséquence et les conséquences juridiques doivent être appréciées lors du procès", estime ainsi le magistrat.
Dans le cadre de sa défense, Luis Rubiales, 46 ans, avait mis en avant son "émotion", "un moment de bonheur, une grande joie à ce moment-là", démentant toute "connotation sexuelle".
- "Pressions" -
En plus de Luis Rubiales, le juge d'instruction demande également le renvoi en justice du directeur sportif de l'équipe masculine, Albert Luque, de l'ancien entraîneur de l'équipe féminine Jorge Vilda ainsi que de l'ancien directeur marketing de la Fédération Rubén Rivera pour "les pressions" exercées sur Jenni Hermoso.
Selon lui, ces trois responsables auraient en effet agi de concert avec Luis Rubiales "pour briser la volonté" de la joueuse et "l'amener à accepter d'enregistrer une vidéo" pour dire "que le baiser avait été consenti".
Vilda, qui se défend d'avoir exercé de telles pressions, a obtenu jeudi de l'Audience nationale qu'elle entende son ancienne adjointe Montsé Tomé, qui a pris sa suite à la tête de la "Roja".
Selon le tribunal, cette audition permettra à Tomé de "clarifier si la non-convocation de Jennifer Hermoso lors de deux matches de l'équipe nationale" avait ou non un lien avec "le refus de la joueuse de signer une déclaration commune avec Luis Rubiales" sur le baiser.
Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la "Roja" féminine à Sydney, le patron du foot espagnol avait embrassé par surprise l'attaquante sur la bouche, un geste ayant provoqué l'indignation internationale.
Refusant de démissionner pour "un petit bisou consenti", il avait attaqué, lors d'un discours retentissant cinq jours plus tard, un supposé "faux féminisme".
Une version démentie par Jenni Hermoso qui avait dit s'être "sentie vulnérable et victime (...) d'un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part".
Sous la pression, Rubiales avait fini par démissionner le 10 septembre, se disant victime d'une "campagne disproportionnée". Il a depuis été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fifa, une décision dont il veut faire appel.
La justice espagnole l'a par ailleurs interdit de s'approcher à moins de 200 mètres de Jenni Hermoso, 33 ans, qui est devenue malgré elle un symbole mondial de la lutte pour l'égalité hommes-femmes et a été élue femme de l'année 2023 par l'édition espagnole du prestigieux magazine américain GQ.
R.Zaccone--PV