Un procureur spécial déclare un non-lieu pour Biden mais sème le doute sur sa mémoire
Le procureur spécial chargé d'enquêter sur les accusations de mauvaise gestion de documents confidentiels par Joe Biden a décidé de ne pas recommander de poursuites mais décrit le président américain comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire" dans son rapport publié jeudi.
Si cette décision attendue dissipe de possibles tracas judiciaires pour le président démocrate, qui s'apprête à affronter son prédécesseur républicain Donald Trump en novembre pour une revanche de l'élection de 2020, elle expose de nouveau sa principale vulnérabilité : son grand âge, 81 ans.
Nommé en janvier 2023 par le ministre de la Justice Merrick Garland, le procureur spécial Robert Hur conclut que Joe Biden a "sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu'il était un simple citoyen".
Mais il considère qu'"une inculpation ne se justifierait pas", estimant notamment qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".
Lors d'un meeting démocrate jeudi, M. Biden s'est déclaré "content" que le procureur ait décidé de ne pas le mettre en accusation.
Il a assuré avoir pleinement coopéré avec l'enquête, y compris lors d'un entretien sur deux jours avec le procureur spécial et son équipe en octobre 2023 dans les tout premiers jours de la "crise internationale" déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien en Israël.
Il a souligné le contraste entre son attitude et celle de Donald Trump, poursuivi pénalement pour sa gestion présumée négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche et accusé d'obstruction à la justice dans cette affaire.
Le rapport a immédiatement été exploité par l'état-major républicain à la Chambre des représentants, qui a estimé que Joe Biden était "inapte" à être président.
La nomination de M. Hur faisait suite à la découverte en décembre 2022 et janvier 2023 de documents classés confidentiels datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017) dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware, ainsi que dans un ancien bureau.
L'avocat de la Maison Blanche a salué la décision du procureur spécial de ne pas engager de poursuites mais a regretté des "commentaires déplacés" de sa part.
Dans son rapport de 388 pages, M. Hur évoque notamment son entretien de cinq heures avec Joe Biden au cours duquel il dit avoir constaté que "sa mémoire avait empiré".
"Il ne se souvenait plus quand il était vice-président", ne sachant plus exactement en quelle année son mandat avait commencé ou s'était achevé, ni exactement l'année du décès de son fils aîné Beau, y affirme-t-il.
L.Barone--PV