La Maison Blanche contre-attaque sur l'âge de Biden après un rapport dévastateur
Commentaires "gratuits" et "déplacés", "motivations politiques": la Maison Blanche a tenté vendredi de contre-attaquer après la publication jeudi d'un rapport d'enquête à l'effet dévastateur mentionnant la mémoire défaillante du président Joe Biden.
La vice-présidente américaine Kamala Harris a dénoncé vendredi les "motivations politiques" du procureur spécial Robert Hur, auteur de ce rapport d'enquête de 388 pages rendu public jeudi, dans lequel il n'a pas recommandé de poursuites à l'encontre du président, âgé de 81 ans, mais l'a décrit comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire".
Le rapport du magistrat, publié à l'issue d'une enquête sur des documents classifiés que le président américain avait en sa possession, a "clairement des motivations politiques", a déclaré Kamala Harris, elle-même ancienne procureure, à des journalistes à la Maison Blanche.
"La façon dont l'attitude du président a été décrite dans ce rapport ne pourrait pas être plus erronée sur le plan des faits", a également affirmé Mme Harris.
- "Critiques gratuites" -
"Quand la conclusion évidente est que les preuves ne justifient pas une inculpation, on se demande pourquoi ce rapport consacre autant de place à des critiques gratuites et déplacées sur le président", a renchéri un porte-parole de l'exécutif, Ian Sams, chargé vendredi par la Maison Blanche de jouer le pompier de service.
"Suggérer qu'il pouvait ne pas se souvenir de la date de la mort de son fils est vraiment hors de propos", a estimé M. Sams, balayant l'idée que ce rapport puisse nuire au président candidat à sa réélection: "Je pense que le public est intelligent", a-t-il déclaré.
Si le porte-parole n'a pas accusé le procureur spécial d'une quelconque motivation politique, il a laissé entendre que M. Hur ait pu se sentir poussé à "dépasser ses attributions", en raison du contexte politique américain très polarisé, à neuf mois de la présidentielle de novembre.
"On est dans un environnement politique sous haute pression. Et lorsque vous êtes le premier procureur spécial à n'avoir inculpé personne, il y a des pressions pour critiquer", a poursuivi M. Sams.
Dans le rapport publié jeudi, le procureur spécial Robert Hur a conclu que le président avait "sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu'il était un simple citoyen" mais expliqué qu'"une inculpation ne se justifierait pas", notamment parce qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".
Il a aussi écrit que la mémoire de M. Biden "avait empiré": le président "ne se souvenait plus quand il était vice-président" ni exactement de l'année du décès de son fils aîné Beau.
"Comment diable ose-t-il?", a rétorqué jeudi soir Joe Biden à ce sujet, visiblement très ému, lors d'une allocution télévisée.
"Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n'ai pas de problèmes de mémoire", s'est-t-il défendu.
Robert Hur, un républicain ancien procureur fédéral du Maryland, avait été nommé en janvier 2023 par le ministre de la Justice de l'administration Biden, Merrick Garland, pour enquêter sur la découverte en décembre 2022 et janvier 2023 de documents classés confidentiels datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017) dans sa résidence de Wilmington (Delaware) ainsi que dans un ancien bureau.
Le président démocrate est candidat à sa réélection en novembre et retrouvera très probablement sur sa route l'ancien président Donald Trump, 77 ans et large favori des primaires républicaines.
Les soutiens politiques de M. Trump ont fait leur miel jeudi du contenu du rapport, assurant notamment que Joe Biden n'était plus "apte" à gouverner.
B.Cretella--PV