Verdict dans le procès du baron de la drogue le plus redouté des Pays-Bas
L'ancien suspect le plus recherché des Pays-Bas et 16 autres membres présumés d'un cartel de drogue surnommé la "Mocro Maffia" entendront mardi le verdict dans leur procès, au moins six d'entre eux risquant la prison à perpétuité.
Le baron de la drogue présumé Ridouan Taghi est accusé d'avoir tiré les ficelles d'une organisation qualifiée de "machine à tuer bien huilée", qui s'est rendue coupable d'au moins six meurtres et quatre tentatives de meurtre, selon l'accusation.
Presque six ans après le début de ce procès, le verdict sera lu à partir de 10H00 (09H00 GMT) devant un tribunal hautement sécurisé, communément appelé "Le Bunker", aux abords d'Amsterdam.
Ridouan Taghi, 46 ans, né au Maroc et ayant grandi aux Pays-Bas, est accusé d'être le cerveau d'une organisation du grand banditisme international, dont les racines se trouvent en partie au Benelux, et communément appelée "Mocro Maffia" en raison des origines marocaines de plusieurs de ses membres.
Le terme désigne en réalité un ensemble de groupes criminels considéré comme l'un des plus grands distributeurs de cocaïne des Pays-Bas.
M. Taghi a été arrêté à Dubaï en 2019 et incarcéré dans une prison néerlandaise ultra-sécurisée. Malgré cela, il a continué à diriger son gang depuis l'intérieur en transmettant des messages à ses complices à l'extérieur, selon le parquet.
De par son ampleur, le procès, appelé "Marengo", est sans précédent aux Pays-Bas, d'après les observateurs. L'armée a été mobilisée pour sécuriser les abords du tribunal pendant des audiences. Les procureurs et juges s'y rendent en voitures blindées.
Une plate-forme de streaming néerlandaise a même réalisé une série appelée "Mocro Maffia".
Le parquet a requis l'emprisonnement à perpétuité contre M. Taghi et cinq autres personnes. Les autres risquent des peines allant de cinq à 26 ans de prison.
Les crimes ont été perpétrés entre 2015 et 2017, visant principalement des individus soupçonnés par le gang d'être devenus des informateurs de la police.
Le meurtre en 2017 à Utrecht (centre) d'un homme appelé Hakim Changachi est considéré par l'accusation comme une erreur.
Peu de temps après, l'un des membres présumés du gang, identifié comme "Nabil B"., se rend à la police et accepte de devenir témoin à charge.
- Vague de violence -
Une nouvelle vague de violences s'en suit avec des meurtres qui choquent le pays. Trois personnes de l'entourage de Nabil B. sont tuées: son frère en 2018, son avocat Derk Wiersum en 2019 et un journaliste réputé, Peter R. de Vries, considéré comme son confident, en 2021.
Ridouan Taghi a nié toutes les accusations, affirmant que l'argent dépensé pour ce "simulacre de procès" aurait plutôt dû être investi dans l'enseignement, la police et la santé, a rapporté le journal Het Parool.
Aucun des suspects n'a fait de déclaration au cours du procès, ralenti par plusieurs rebondissements.
Alors avocate de M. Taghi, Inez Weski est arrêtée en avril 2023, soupçonnée d'avoir aidé son client à communiquer avec le monde extérieur.
De nouveaux avocats nommés par la suite démissionnent, affirmant ne pas avoir eu assez de temps pour se préparer. M. Taghi décide alors d'assurer sa propre défense.
Le dossier de l'accusation compte plus de 800 pages avec notamment des éléments à charge portés par Nabil B. - qui risque 10 ans de prison - et des conversations provenant de téléphones cryptés.
"Le procès a duré six ans et tant de choses se sont passées", a déclaré dans l'émission télévisée WNL Willem Jan Ausma, avocat en droit pénal.
"C'était pas très joyeux".
S.Urciuoli--PV