Arrêt in extremis de l'exécution par injection létale d'un condamné aux Etats-Unis
L'exécution d'un condamné à mort américain de 73 ans a été arrêtée in extremis mercredi dans l'Idaho, faute d'avoir pu lui administrer la solution mortelle dans le délai légal, a annoncé l'administration pénitentiaire de cet Etat du Nord-Ouest.
La dernière exécution manquée pour des raisons similaires était celle de Kenneth Smith en Alabama (sud-est) le 17 novembre 2022. Définitivement condamné à la peine capitale en 1996 pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, il a finalement été exécuté le 25 janvier par inhalation d'azote, une première mondiale qui a soulevé une vague d'indignation.
La totalité des 24 exécutions réalisées aux Etats-Unis en 2023 l'ont été par injection létale.
Thomas Creech, un meurtrier en série qui a passé plus de 40 ans dans le couloir de la mort pour avoir tué un codétenu alors qu'il purgeait une peine de prison à perpétuité, devait être exécuté ainsi.
Mais au bout d'une heure environ, la direction de la prison a conclu à l'impossibilité de "lui poser une perfusion intraveineuse", a indiqué l'administration pénitentiaire de l'Idaho dans un communiqué.
Elle a pris cette décision après huit tentatives de poser une perfusion sur les bras ou les jambes du condamné, a précisé lors d'une conférence de presse le directeur de l'administration pénitentiaire, Josh Tewalt.
"Nous n'avons pas encore de notion de calendrier ou de mesure de suivi", a-t-il ajouté, en référence notamment à une éventuelle reprogrammation, qui exigerait un nouvel ordre d'exécution. "Nous allons en discuter dans les prochains jours", a poursuivi Josh Tewalt.
Brenda Rodriguez, une journaliste de la chaîne de télévision locale qui assistait à l'exécution avec d'autres représentants des médias, a témoigné que Thomas Creech ne semblait pas avoir ressenti de grave douleur mais s'était plaint à un moment d'avoir "un peu mal aux jambes".
"Il a marmonné quelques mots que je n'ai pas compris", a-t-elle dit.
- Condamné soutenu par des célébrités -
Il s'agissait de l'une des deux exécutions prévues mercredi aux Etats-Unis, avec celle d'Ivan Cantu, 50 ans, dont le sort a attiré l'attention de célébrités, attendue mercredi soir au Texas (sud).
Ivan Cantu a été condamné à mort en 2001 pour les meurtres en 2000 par arme à feu de son cousin, James Mosqueda et de la fiancée de celui-ci, Amy Kitchen.
Le principal témoin à charge à son procès avait été sa fiancée de l'époque, Amy Boettcher. Elle avait affirmé qu'Ivan Cantu lui avait avoué le crime et l'avait conduite sur les lieux avant de l'emmener en Arkansas (sud).
Le frère d'Amy Boettcher, Jeff Boettcher, l'avait également incriminé au procès, mais s'était rétracté à la suite de la mort de sa soeur en 2021.
Ivan Cantu, qui s'est toujours dit innocent, a pointé du doigt un trafiquant de drogue local auquel son cousin devait beaucoup d'argent.
A la suite de la découverte de nouveaux éléments ainsi que de l'apparition des doutes sur ces témoignages à charge, son exécution, prévue en avril 2023, avait été suspendue mais cette suspension a ensuite été levée par la cour d'appel du Texas.
L'acteur Martin Sheen, opposant à la peine capitale, a exhorté sur Instagram à signer une pétition en ligne, qui a déjà recueilli plus de 150.000 signatures, pour demander au gouverneur du Texas, le conservateur Greg Abbott, de surseoir à l'exécution.
La star de téléréalité Kim Kardashian appelle également mercredi sur les réseaux sociaux à la mobilisation pour demander au gouverneur "un sursis de 30 jours" afin de réexaminer le dossier d'Ivan Cantu.
La Conférence des évêques du Texas s'est prononcée pour un sursis, en raison des "graves incertitudes" entourant la condamnation.
La peine de mort a été abolie dans 23 Etats américains. Six autres (Arizona, Californie, Ohio, Oregon, Pennsylvanie et Tennessee) observent un moratoire des exécutions sur décision du gouverneur.
Selon un récent sondage de l'institut Gallup, une majorité d'Américains (50% contre 47%) estime que la peine capitale n'est pas équitablement appliquée aux Etats-Unis, une première depuis le lancement de cette enquête en 2000. Une majorité (53%) reste néanmoins favorable à la peine de mort, selon la même source.
U.Paccione--PV