Trump condamné pour outrage, menacé d'"incarcération" à son procès à New York
Donald Trump a été condamné mardi à 9.000 dollars d'amende pour s'en être pris publiquement aux témoins et jurés en marge de son procès pénal à New York, où le juge a menacé de l'incarcérer s'il recommençait.
Donald Trump "est prévenu que la Cour ne tolérera pas la poursuite de violations délibérées de ses ordres (...) Si cela est nécessaire et approprié, elle imposera une peine d'emprisonnement", écrit le juge Juan Merchan dans sa décision rendue dès la reprise des débats.
Le magistrat a condamné l'ancien président des Etats-Unis, présent dans la salle d'audience pour cette troisième semaine de procès, à 1.000 dollars d'amende pour chacune des neuf violations, soit le maximum que permet la loi. Les attaques ont été supprimées, comme ordonné par le juge, du réseau Truth Social et du site de campagne de Donald Trump.
Depuis le début du procès, les procureurs avaient demandé que Donald Trump soit sanctionné pour ses violations répétées de l'interdiction de s'en prendre aux témoins clés du dossier, comme son ancien avocat Michael Cohen et l'ancienne star de films X Stormy Daniels, ou encore aux jurés, dont il sous-entend qu'ils ne sont pas impartiaux.
Avant même que le juge ne statue sur ces premières violations, les procureurs en ont soulevé de nouvelles. Après une pause du procès mercredi, elles seront examinées jeudi, avec d'autres sanctions possibles à la clé pour le candidat des républicains à la présidentielle de 2024, qui, lors d'un meeting, avait défié le juge de le mettre en prison.
- "Bâillon" -
En quittant le tribunal mardi, Donald Trump a de nouveau dénoncé ce "bâillon (...) totalement inconstitutionnel", que le juge défend pour que témoins et jurés ne se sentent pas intimidés et sous pression.
Premier ancien président de l'histoire des Etats-Unis à être jugé au pénal, Donald Trump, 77 ans, risque une condamnation et, en théorie, jusqu'à une peine de prison dans cette affaire, probablement la seule des quatre dans lesquelles il est inculpé qui sera tranchée d'ici la présidentielle du 5 novembre.
Dans ce dossier, il est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler un paiement pour étouffer un potentiel scandale sexuel dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016 remportée sur le fil face à Hillary Clinton.
Une somme de 130.000 dollars avait été versée à Stormy Daniels pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec lui en 2006, alors qu'il était déjà marié. Une relation qu'il dément. L'accusation parle d'un "complot" pour "fausser" l'élection quand la défense y voit le fonctionnement normal de la démocratie.
Mardi, le défilé des témoins a continué, une galerie d'intermédiaires hauts en couleur qui dévoilent les coulisses de ces transactions dans l'entourage de Donald Trump, où les histoires racoleuses se vendaient pour ne pas être publiées.
La semaine dernière, l'ancien patron du tabloïd américain "The National Enquirer", David Pecker, avait raconté comment il s'était mis au service de la campagne trumpiste en 2016 en achetant les droits exclusifs de deux autres témoignages susceptibles de provoquer des scandales, dont celui d'une mannequin, Karen McDougal, qui affirmait aussi avoir eu une relation avec le milliardaire.
- "Du tonnerre" -
Devant les jurés, son récit a été complété mardi par l'avocat de Karen McDougal, Keith Davidson, qui représentait aussi les intérêts de Stormy Daniels à l'époque.
"J'ai une histoire du tonnerre sur Trump", s'est souvenu avoir dit l'avocat. "Il a trompé Melania?", lui a répondu un reporter du tabloïd. Après ce premier "deal", la campagne de Donald Trump va être secouée par la diffusion, le 7 octobre 2016, d'un vieil enregistrement vidéo où il se vante, en des termes crus, d'"attraper" les femmes "par la chatte".
"Trump est foutu", estime alors Keith Davidson. Selon lui, la valeur du témoignage de Stormy Daniels va "crescendo", parce que Donald Trump voudra à tout prix éviter un nouveau scandale.
Cette fois, c'est son avocat personnel, Michael Cohen, qui négocie la transaction. Pour Keith Davidson, "Stormy Daniels et Donald Trump" étaient les deux parties liées par l'accord.
Le règlement avait été effectué par Michael Cohen, qui avait ensuite été remboursé, en 2017, par le groupe d'entreprises de Donald Trump, la Trump Organization. Ces dépenses avaient été enregistrées comme "frais juridiques", d'où les poursuites pour falsifications comptables.
D'autres témoins de premier plan sont attendus, dont Michael Cohen, Stormy Daniels -- de son vrai nom Stephanie Clifford --, mais aussi Steve Bannon, l'ancien stratèges politique de Donald Trump, ou Hope Hicks, son ancienne directrice de la communication à la Maison Blanche.
F.M.Ferrentino--PV