Hong Kong à la peine pour attirer de nouveau les touristes chinois
Les files d'attente étaient modestes mercredi au hall d'arrivée de la gare de Lo Wu, à la frontière entre Hong Kong et la Chine continentale, alors qu'autrefois le 1er mai s'y pressait une foule énorme de visiteurs chinois dont la frénésie de dépenses a toujours été vitale pour l'économie de la ville.
Après trois années d'isolement en raison de la pandémie de Covid-19, précédées d'une année de manifestations pro-démocratie houleuses, Hong Kong a perdu une partie de son attrait pour les touristes chinois, sans oublier la concurrence des villes en pleine croissance de la Chine continentale qui captent une partie de la manne touristique, relèvent les observateurs.
Les autorités locales espéraient qu'un million de visiteurs franchiraient la frontière le 1er mai, qui marque le début de la "semaine d'or", période cruciale pour le secteur du tourisme et le commerce à Hong Kong, mais l'affluence des touristes en provenance de la Chine continentale s'est avérée modérée mercredi.
"Hong Kong est beaucoup plus cher qu'auparavant", constate un technicien de 54 ans qui se présente sous le nom de Leung et qui prévoyait de visiter des parcs à thème avec ses enfants. "En termes de rapport qualité-prix, Hong Kong n'est pas si compétitif", relève-t-il.
Si Leung a prévu de rester trois jours à Hong Kong, de nombreux visiteurs déclarent qu'ils se contenteront d'une journée, une option plus abordable.
Hong Kong tente désespérément de relancer le secteur du tourisme, qui représentait auparavant quelque 5% du PIB, pour rattraper le retard consécutif à la pandémie et aux troubles politiques des dernières années.
Mais selon les experts, Hong Kong peine à rattraper ce retard, car les visiteurs dépensent moins dans le contexte du ralentissement de la croissance économique en Chine et les Hongkongais préfèrent passer leurs congés dans les villes chinoises voisines.
"Après la pandémie, les tendances en matière de voyage et les interêts des gens ont changé mais nous sommes à la traîne pour ce qui concerne la découverte et la promotion d'attractions locales exclusives", a déclaré à l'AFP Perry Yiu, député chargé du secteur du tourisme de la ville.
- Trop cher -
Après trois années perdues pour le tourisme, Hong Kong a accueilli en 2023 environ 34 millions de visiteurs, mais ce chiffre est loin du pic de plus de 65 millions de visiteurs qui en 2018 ont dépensé au total quelque 35 milliards de dollars.
Plus préoccupant, les chiffres officiels ont montré une baisse de 73,5% des dépenses des visiteurs d'une seule journée en provenance de Chine continentale, statistiquement le groupe le plus important de touristes.
Xu Dengkai, un informaticien de Shanghaï, en visite mercredi pour la première fois à Hong Kong, n'y restera pas un jour de plus. "Ce n'est pas particulièrement attrayant pour moi, cela ressemble à Shanghai", a-t-il confié à l'AFP.
Jason Wong, ancien président du Conseil de l'industrie du voyage de Hong Kong, estime que la ville a "de gros efforts à fournir" pour proposer des offres originales pour attirer les visiteurs.
Les visiteurs veulent à présent vivre d'autres expériences, "car ils peuvent faire leurs achats sur le continent ou en ligne au lieu de compter sur Hong Kong", a-t-il expliqué à l'AFP.
Le dollar de Hong Kong, indexé sur le dollar américain, les prix élevés, et la concurrence de rivaux comme Singapour et le Japon ont contribué à cette désaffection, selon M. Wong.
- Attrait en baisse -
Même pour ses habitants, Hong Kong n'a plus le même attrait.
Depuis que la Chine a rouvert ses frontières en février 2023, les Hongkongais ont afflué vers les villes voisines du continent comme Shenzhen et Zhuhai pour leurs sorties du weekend.
Fin mars, les départ quotidiens ont dépassé le chiffre de 760.000, soit trois fois le nombre d'arrivées.
Ryan, 35 ans, employé des pompes funèbres, se rend toutes les semaines sur le continent pour "plus de plaisir pour la même somme d'argent", et assure qu'il est loin d'être le seul.
La baisse de la consommation a entraîné une vague de fermetures de magasins et de restaurants.
Un groupe Facebook compilant des informations sur les fermetures de commerces a vu le nombre de ses membres atteindre plus de 350.000 en quelques semaines.
Interrogé sur ces fermetures, le dirigeant de Hong Kong, John Lee, a écarté mardi l'explication d'un marasme économique et parlé de "changements qui auraient inévitablement eu lieu dans (le cadre de) notre transformation économique.
C.Grillo--PV