Le juge menace encore Trump de prison pour outrage au tribunal de New York
Le juge au procès pénal de Donald Trump à New York a de nouveau menacé lundi l'ex-président américainde prison pour avoir violé son interdiction d'attaquer verbalement les témoins et les jurés.
Le juge Juan Merchan a condamné Donald Trump à une amende de 1.000 dollars "pour avoir violé son ordre en faisant des commentaires publics sur le jury et la façon dont il a été sélectionné", selon sa décision écrite. A ce procès inédit pour un ancien président, il l'a aussi averti que de futures infractions seraient "passibles d'incarcération".
En cause, une interview dans laquelle le prévenu critiquait la rapidité de la sélection du jury, achevée en une semaine, et sa composition présumée, dans une ville très majoritairement démocrate.
Dans ce procès lourd d'enjeux politiques, le candidat républicain à la présidentielle de novembre face au sortant démocrate Joe Biden risque une condamnation et, en théorie, jusqu'à une peine de prison.
Cette affaire constitue l'une des quatre procédures pénales dans lesquelles il est inculpé. Mais à force de recours dans les autres dossiers, ce procès à New York, d'une ampleur moindre, notamment par rapport à son inculpation par la justice fédérale à Washington pour tentatives illégales d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, pourrait être le seul jugé avant l'élection du 5 novembre.
Donald Trump est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler le paiement de 130.000 dollars à l'ancienne star de films X Stormy Daniels dans la dernière ligne droite du scrutin présidentiel de 2016, remporté sur le fil face à Hillary Clinton.
Cette somme avait servi à acheter le silence de Stormy Daniels sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec le magnat de l'immobilier en 2006, alors qu'il était déjà marié avec son actuelle épouse, Melania. Une relation que Donald Trump nie.
Les 130.000 dollars avaient été versés par son avocat de l'époque, Michael Cohen, via une société écran. Il avait été remboursé en 2017 par le groupe d'entreprises du milliardaire, la Trump Organization, des dépenses maquillées en "frais juridiques", d'où les poursuites pour falsifications de documents comptables.
- Moments d'émotion et séquences techniques -
Depuis son ouverture le 15 avril, le procès alterne moments de dramaturgie judiciaire et arides séquences très techniques.
L'audience de vendredi avait été marquée par les larmes de Hope Hicks, ancienne responsable de la communication de Donald Trump, qui a raconté la "crise" dans laquelle la diffusion d'un vieil enregistrement de propos vulgaires du milliardaire sur les femmes.
L'audience de lundi a elle été consacrée au remboursement de Michael Cohen, un dirigeant de la Trump Organization, Jeffrey McConney, en exposant les modalités par le menu.
Dans l'après-midi, c'est Deborah Tarasoff, de la comptabilité de la Trump Organization, qui lui a succédé à la barre.
Comme il le fait inlassablement depuis le début du procès, Donald Trump a accusé ses adversaires démocrates d'instrumentaliser la justice pour l'éliminer de la course à la présidentielle.
La semaine dernière, le juge Merchan lui avait infligé 9.000 dollars d'amende, soit 1.000 dollars par infraction, pour s'en être pris publiquement aux témoins et jurés en marge de son procès et avait menacé de l'envoyer en prison en cas de récidive.
L'ancien président vise notamment Michael Cohen, qui s'est retourné contre lui et coopère avec l'accusation, ou des jurés, dont il sous-entend qu'ils ne sont pas impartiaux.
S'il était de nouveau élu, Donald Trump pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'abandon des deux procédures fédérales à son encontre, à Washington mais aussi en Floride (sud-est), où il est poursuivi pour sa gestion supposément désinvolte de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.
A.Rispoli--PV